jeudi 20 février 2014

Champion's League: bilan de la première partie des matchs allers des huitièmes de finale

Tous vainqueurs hors de leurs bases dès le match aller, le PSG, Barcelone, le Bayern et l'Atletico Madrid peuvent voir venir et préparer sereinement le retour. Quels risques courent-ils après ces succès et quelles sont les chances de leurs adversaires? Analyse.


Fortunes diverses pour les équipes en lisse lors de cette première partie des huitièmes de finale

Décidément, il ne fallait pas recevoir cette semaine en Champion's League. Pour la première fois depuis la mise en place de la nouvelle formule à élimination directe en 2003/2004, les quatre premières équipes qui ont reçu se sont inclinées, pour la plupart d'entre elles de manière très nette. Quelles équipes retrouveront nous en quarts et pourquoi d'autres déçoivent une fois de plus, c'est ce que nous allons tenter d'expliquer.


Les équipes qualifiées sans aucune contestation: le PSG et le Bayern


Pour sa seconde participation de rangs à la Ligue des Champions, Paris reverra une fois de plus les quarts de finale de la compétition. Certains diront que les champions de France en titre sont toujours chanceux au tirage, avec deux groupes très abordables (Porto, Dynamo Kiev et Dinamo Zagreb en 2012/2013, Benfica, Olympiakos et Anderlecht en 2013/2014), d'autres y verront une progression logique qui colle aux ambitions du club parisien. Après Valence, c'est Leverkusen qui subit la loi du PSG sur sa propre pelouse. Si le score, logique, fait dire à beaucoup que le PSG est un potentiel candidat pour le titre final, dans la production du jeu et l'impression laissé, le match de mardi soir n'est pas vraiment loin de celui joué à Mestalla un an plus tôt.
Rappelons que le PSG menait très facilement 0-2 à la mi-temps avec un énorme Pastore et un niveau de jeu affiché qu'on n'avait pas encore vu sous Ancelotti, et qu'il aurait dû mener 0-3 si l'arbitre n'avait pas injustement refusé le but valable de Chantôme à l'heure de jeu. Au lieu de ça, Rami réduisit la marque sur l'une des seules occasions de la formation espagnole et Ibrahimovic fut expulsé suite à une faute sur l'homme qui a connu ces deux défaites, le Mexicain Guardado. Ce score trompeur avait donné des sueurs froides à l'équipe parisienne au retour, qui s'était difficilement qualifiée. Cette année, Paris s'est mis à l'abri sans laisser aucune chance à Leverkusen, et c'est là que les progrès sont à souligner.
Le jeu de possession, la gestion du ballon instauré par Laurent Blanc, ont réduit les espoirs du Bayer à néant, ne touchant que très rarement le ballon et laissant Sirigu se reposer devant ses cages. Le PSG de cette année paraît plus complet et semble avoir retenu les leçons de son élimination sans perdre face au Barca, et peut compter sur des joueurs qui n'ont que la victoire finale en tête, parmi lesquels Zlatan Ibrahimovic et Thiago Silva à qui la coupe échappe depuis le début de leur carrière, mais surtout sur des joueurs comme Thiago Motta et Maxwell, vainqueurs tour à tour en 2010 et 2011 et qui paraissent transfigurer lorsqu'ils foulent les pelouses européennes. Le PSG sera un sérieux concurrent qu'il ne faudra pas prendre à la légère, qui peut voir loin s'il reste concentré comme il l'a été sur la pelouse du Bayer. Attention cependant à ne pas se voir trop beau et rester les pieds sur terre.


Le Bayern est lui aussi assuré de réécouter l'hymne de la Ligue des Champions en avril. Grâce à ce succès sur la pelouse d'Arsenal, avec le même écart que la saison passée au même stade de la compétition et face au même adversaire, les hommes de Guardiola prouvent qu'ils sont toujours les grandissimes favoris de la compétition et candidat à leur propre succession, performance qui n'a pas été reproduite depuis les deux victoires d'affilée du Milan AC en 1989 et 1990. Toujours aussi impressionnants que la saison passée, ce Bayern est d'autant plus irrésistible que la patte Guardiola se fait de plus en plus ressentir match après match, privant systématiquement son adversaire du ballon et pouvant compter sur un effectif large, les absences de Ribéry, Schweinsteiger, Shaqiri ou Badstuber ne se faisant même plus ressentir.
Malgré un début de match compliqué où Neuer les a maintenu dans le bain, ils ont petit à petit pris le dessus sur Arsenal qui n'y a pas cru et a reculé au fur et à mesure que le temps passait. Il sera très difficile de battre le club bavarois qui semble courir vers un sixième titre continental, mais on peut noter quelques faiblesses que les autres grosses écuries européennes ne vont pas oublier de remarquer. La défense centrale a été bougée dans les premières minutes par un novice qui jouait son premier match de Ligue des Champions, chose qui n'a pas échappé à Guardiola qui a remplacé Boateng à la mi-temps. Mandzukic à lui aussi réaliser un match moyen, paraissant esseulé à la pointe de l'attaque et pas dans le tempo.
Notons pour finir que le Bayern, aussi fort soit-il, n'a jusque-là pas rencontré d'adversaire "au complet" sur la scène européenne, depuis plus d'un an. La Juventus sans attaquant et qui a vu sa double confrontation plombée par une erreur de Buffon dès la 25ème seconde du match aller, le Barca sans défense et sans Messi encore court ou même le Borussia Dortmund en finale, sans Götze et qui avait causé beaucoup de mal au Bayern, sont tant d'adversaires rencontrés par les coéquipiers de Ribéry qui n'ont pas pu défier le géant allemand à "armes égales". Il sera intéressant de voir comment ils se comporteront face à une équipe au complet qui leur proposera un affrontement avec un crack à toutes les lignes, comme le Real Madrid qu'il avait très difficilement sorti en 2012, le Barca avec un Messi en reconquête... ou le Paris Saint-Germain et ses stars à tous les postes. Á suivre.


Guardiola va-t-il réussir son pari et faire mieux que Heynckes?



Ils sont bien parti: les clubs espagnols


Beaucoup les enterraient et voyaient en Manchester City le bourreau ultime qui allait enfoncer le club dans une crise qu'il n'a pas connue depuis longtemps, dans un contexte particulier qui écorne l'image du club. Il n'en a rien été. Le Barca est toujours là et il ne compte pas laisser les nouveaux arrivés leur marcher dessus.
Le match à City avait tout d'un traquenard, face à la meilleure attaque d'Europe et l'une des équipes les plus impressionnantes de la première partie de saison. Les hommes de Martino ont parfaitement géré leur match et peuvent se satisfaire d'un résultat logique. Penalty ou pas, Demichelis est en position de dernier défenseur et commet l'irréparable, un cadeau pour Messi qui de toute façon n'a pratiquement jamais raté ce genre de face à face. Gestion du ballon, pressing, sérieux, le Barca a fait son match et a parfaitement muselé les cadres des Citizens. Le but d'Alves en fin de rencontre est symbolique tant les latéraux Catalans n'étaient pas au niveau depuis le début de la saison, et prouve que la victoire est méritée, eu égard aux décisions de l'arbitre.
Même s'ils sont moins impressionnants que d'habitude et qu'ils font moins peur, le Barca reste un candidat sérieux au titre final et peut préparer sereinement le match retour au Camp Nou.


Le Borussia Dortmund de 2014? Beaucoup font ce parallèle pour parler de l'Atletico Madrid. Oui et non. Contrairement au club allemand, l'Atletico a un passé récent en Europe beaucoup plus étoffé et ce n'est pas une surprise de les voir à ce niveau de la compétition. Double vainqueur de l'Europa League en 2010 et 2012, une qualification en quarts de finale après une première partie de saison sensationnelle, est une suite logique à la progression énorme de ce club. Les hommes de Diego Simeone, après une période difficile où ils ont lâché des points en championnat à Almería, et leur lourde défaite en Copa del Rey face au rival du Real Madrid, avaient à cœur de réaliser un gros coup à San Siro, face à un Milan moribond.
Après avoir subi en première période où ils ont frôlé la correctionnelle, les coéquipiers de l'excellent Thibault Courtois ont repris le dessus dans les 45 dernières minutes, profitant du coup de pompe des locaux et retrouvant leur rythme habituel. C'est sur une de leurs seules occasions du match que les Colchoneros trouvent la faille, grâce à l'hispano-brésilien Diego Costa qui reprend un centre au deuxième poteau en fin de match. Ce cinquième but en quatre matchs pour l'attaquant en vogue de la saison, offre à l'Atletico une énorme avance avant le retour à Vicente Calderon. Les Rojiblancos vont être très difficiles à sortir et il faudra une équipe très forte pour passer ce club qui grandit de jour en jour.


Les deux clubs espagnols, en route pour les quarts de finale.


Ils peuvent s'en mordre les doigts: Manchester City et le Milan AC


Outsider très sérieux et adversaire à éviter pour les têtes de série, Manchester City s'est pris les pieds dans le plat face au Barca, et contrairement à ce que beaucoup affirment en fustigeant l'arbitre, peut s'en prendre à lui-même. Malchanceux aux tirages lors des deux dernières éditions avec des groupes très relevés, le club anglais à cette fois-ci passer le premier tour sans sourciller en finissant avec le même nombre de points que le Bayern, pouvant même se targuer d'être la seule équipe à avoir battu le club bavarois cette saison en compétition (hors Supercoupe d'Allemagne). Cette victoire à l'Allianz Arena avait injustement propulsé les Skyblues au rang de favori à la victoire finale alors que leur passé récent dans la compétition montrait le contraire. La vérité du mois de décembre n'étant pas celle du mois de février, Pellegrini a dû faire sans son fer de lance Aguero, et a pu compter sur des joueurs essentiels à court de forme, comme Nasri ou Fernandinho. Plus que le résultat final et le rouge de Demichelis, c'est la composition de départ qui pose problème et qui peut être motif de regrets pour les Anglais. Avec des joueurs offensifs à foison, Dzeko, Jovetic, Negredo, Silva, Jesus Navas, Nasri, l'entraîneur chilien a opté pour une formule inhabituelle en mettant deux arrières latéraux sur le côté gauche, Kolarov devant Clichy. Une erreur incompréhensible après coup, le Barca ayant toujours du mal lors des matchs allers et qui doit faire face à des équipes qui jouent et qui tentent leurs chances (1-1, face à l'OL et Stuttgart en 2009 et 2010; défaites 2-1 et 2-0,face à Arsenal et Milan en 2011 et 2013). L'ex-entraîneur de Malaga a donné le bâton pour se faire battre et est allé à contre-courant de ses idées, prouvant encore une fois qu'il a du mal à gérer une grande équipe sur la scène européenne après son échec relatif au Real Madrid, et était un entraîneur qui arrive à faire des coups avec des clubs moins huppés (demi-finale avec Villareal en 2006 et quarts de finale avec Málaga en 2013, deux campagnes où il était à deux doigts d'atteindre le niveau supérieur).
Grand favori pour le championnat, City vient de se rater une seconde fois en 2014 dans un gros match après sa défaite à domicile face à Chelsea, prouvant ainsi qu'il est toujours plus difficile d'être présent dans les moments clés que face à des équipes de seconde zone.


Milan pourra longtemps se mordre les doigts après sa défaite à la maison face à l'Atletico. Mal en point en championnat, les Rossonero ont retrouvé de leur superbe pendant 45 minutes avant de tirer la langue. Loin des équipes du milieu des années 2000 et proposant un XI titulaire où seul Kakà semble être à la hauteur du standing de ce club, les hommes de Seedorf ont pourtant été les plus dangereux dans ce match, étant proches d'ouvrir la marque par deux fois avec des tirs sur les montants de Kakà et Poli. Á force de tourner autour du pot et n'arrivant pas à changer de rythme, les Milanais se sont essoufflés et se sont fait surprendre dans les dernières minutes du match.
Le club le plus titré du monde a été l'équipe qui a reçu qui s'est le mieux battue mais cela n'est pas suffisant pour une équipe censée avoir un "ADN LDC". Une surprise est toujours possible si Milan jette d'emblée le trouble au retour, mais cet Atletico est trop fort pour se faire surprendre, obligeant le club de Berlusconi à jouer leur dernier match de Ligue des Champions dans trois semaines avant très longtemps...


Manuel Pellegrini, principal coupable de la défaite de son club?


L'adversaire était trop gros ou l'éternel recommencement: Bayer Leverkusen et Arsenal, même combat


Le Bayer 04, plus que l'industrie pharmaceutique, c'est l'équipe qui a comme chiffre fétiche le 2. Toujours placé, jamais gagnant. Leverkusen, c'est aussi 2002. Avec des joueurs comme Butt, Ramelow, Lucio, Zé Roberto, Basturk, Schneider, Neuville, Berbatov et le grand Ballack, l'équipe de Klaus Toppmöller avait une tout autre allure. Après la patte gauche de Zidane, la patte gauche d'Ibrahimovic leur laissera une trace indélébile dans leur mémoire.
Certains pensaient que c'était l'équipe qui pouvait faire trébucher le PSG car elle aime bien laisser le ballon à son adversaire, la formation de Sami Hyppya a complètement explosé en vol, se payant le luxe d'être la seule formation européenne à se faire battre deux fois en quatre matchs à domicile par quatre buts d'écart. Plus qu'une défaite mémorable qui va marquer les joueurs du club, cette déconvenue pose la question du niveau des clubs allemands en Europe (hors Bayern), qui sont d'une inconstance bluffante, tantôt atteignant les sommets, tantôt frisant le ridicule. Le football allemand a souvent placé une équipe dans le dernier carré européen ces dernières années, le Werder en finale de l'Europa League en 2009, Schalke en demi-finale de la Ligue des Champions en 2011, le Borussia Dortmund la saison passée, mais il a souvent connu des moments difficiles face aux équipes françaises, rappelons la correction du Werder par l'OL (0-3; 2-7).
Le PSG dans sa période difficile, n'avait pas eu de mal à battre Wolfsburg qui affolait l'Allemagne, ou à faire jeu égal avec le Borussia Dortmund lorsque ce dernier commençait à revenir sur le devant de la scène.
Leverkusen ne pouvait pas déroger à la règle et se retrouve encore une fois confronté à son éternel problème: être bons face aux petits et lamentables face aux gros. Classique.


Arsenal, même combat. Après avoir fait un début de saison canon, les hommes de Wenger tirent la langue et doivent faire face à un nouveau dilemme: perdurer en haut du classement en championnat et tenter quelque chose en Europe. Perdu. Non seulement, ils vont devoir faire face à la concurrence en championnat où ils ont le costume du chassé et non du chasseur, mais ils vont devoir faire une croix sur la Ligue des Champions, tant ils se sont mis des bâtons dans les roues tout seuls.
Plutôt que de contester les décisions de l'arbitre, le climat, la pelouse ou la circonférence du ballon, les Gunners devraient se poser une question simple: pourquoi craquer sur le dernier match de poules? Comme à son habitude, la formation de Wenger finit deuxième après avoir fait la course en tête, et est obligée de se coltiner un gros en huitièmes, le Bayern, encore une fois. Après avoir bien commencé le match, Ozil complique la vie à ses coéquipiers et plombe les chances de réaliser l'exploit face à la meilleure équipe d'Europe. Contrairement aux autres saisons où Wenger avait à sa disposition des joueurs de très haut niveau tels Fabregas, Van Persie ou Henry, qui ont confirmé par la suite qu'ils étaient des grands joueurs, il a dans ses rangs des joueurs qui n'arrivent jamais à endosser l'habit de leader qui pousseront les autres à se sublimer et à se dépasser. D'Ozil à Cazorla en passant par Podolski, Giroud ou Arteta, aucun n'a l'âme du guerrier qui pourrait aider Arsenal à franchir un palier. Une fois de plus, c'est raté, mais on ne peut plus repousser les choses en disant que la prochaine fois sera meilleure. Aligner Sanogo qui n'a pas joué de la saison, pour mettre à mal la défense du Bayern, c'est ne pas vouloir se qualifier. Si en plus de ça, les joueurs ratent l'immanquable et prennent des rouges, forcément, Arsenal ne s'en sortira jamais.


Flamini, reprochant à Ozil son manque d'implication. Tout un symbole.

Aucun commentaire: