lundi 31 mars 2014

Le « LRL », trident magique de Southampton

Attraction de la saison en Premier League, Southampton n'en finit plus d'étonner. L'arrivée de Mauricio Pochettino, en janvier 2013, à la tête du club du sud de l'Angleterre coïncide avec l'éclosion des trois joueurs offensifs qui font les beaux jours des « Saints » : Lallana, Rodriguez, Lambert, dit le « LRL ». Irrésistible, le triangle d'attaque de Southampton est adoubé de l'autre côté de la Manche, et risque de faire du bruit à l'approche du Mondial 2014.


Lallana, Lambert et Rodriguez, un trio qui marche.


Le chiffre 3 est décidément à la mode. La plupart des grands clubs qui jouent les premiers rôles, possèdent une « triplette » qui tire l'équipe vers le haut. Du fameux « BBC » du Real à Madrid, au « 3S » de Liverpool, en passant par le milieu de la Juventus ou celui du PSG, tous ont la spécificité d'être le socle de la réussite de leurs équipes respectives. Southampton a le sien, et même s'il n'a pas l'exposition et le niveau des trios cités, il réalise jusque-là une saison exceptionnelle, au point de se faire un nom en dehors des frontières du Royaume. Portrait du « LRL ».


Adam Lallana, une progression fulgurante




Le plus talentueux. Adam Lallana a tout pour devenir un joueur de niveau international. Formé au club comme Gareth Bale, Théo Walcott et Alex Oxlade-Chamberlain, le joueur de 25 ans n'a pas été attiré par les gros et a fait ses gammes dans son club de toujours. Après une pige d'un an dans le club de Bournemouth, où il a découvert le football avec son départ à 12 ans chez les Saints, Lallana devient progressivement un élément-clé du club, alors qu'il est âgé de 20 ans.

La saison 2008/2009 est celle de la consécration pour lui, il est un titulaire en force au club. Malgré la descente du club en League One, où il jouera deux années consécutives, et avec qui il marquera 23 buts, Lallana reste fidèle à Southamtpon, et prend l'ascenseur deux fois en deux saisons. Il inscrit 11 buts en 41 journées lors de la montée du club en Premier League, et découvre alors l'élite du football anglais, la Premier League.

Les débuts sont difficiles pour Lallana. A l'image du club, il a du mal à s'acclimater au très haut niveau, mais tient bon et hausse son niveau de jeu à partir de l'arrivée de Pochettino. En 30 matchs, il inscrit 3 buts et délivre 4 passes décisives, c'est peu pour un joueur offensif qui joue autant, mais il reste un élément-clé du club. C'est la saison 2013/2014 qui marque l'avènement du joueur.

Avec le brassard de capitaine, Lallana explose tout cette saison. L'anglais semble retrouver ses jambes qui avaient fait de si belles choses en Championship. Adroit devant les buts, très technique avec sa spéciale « double crochets » pour se débarrasser de ses adversaires, habile des deux pieds, Lallana est le « facteur X » de son équipe, pouvant jouer sur tout le front de l'attaque et dans une position plus reculée. Ses statistiques parlent pour lui, avec ses 9 buts et 6 passes décisives en championnat à six journées de la fin. Lallana confirme le bien que l'on pense de lui, et montre qu'il fait partie de ces joueurs anglais talentueux qui n'ont pas eu la chance d'avoir l'exposition que d'autres ont eue.

Adam Lallana, la révélation du côté des Saints.


Jay Rodriguez, la terreur des surfaces




Le tueur. Il est la bonne surprise du club. L'enfant de Burnley, a, à sa manière, connut une trajectoire similaire à celle de Lallana. Deux grosses saisons de Championship, où il a inscrit 29 buts en 79 journées, lui ont ouvert les portes de la Premier League. Rodriguez est préféré à Charlie Austin, son compère d'attaque à Burnley, avec qui il a martyrisé les défenses du « second » championnat d'Angleterre, et signe à Southampton pour un peu moins de 9 millions d'euros, une grosse somme pour un club qui revient dans l'élite.

Rodriguez a comme Lallana, du mal à s'imposer dans un championnat rugueux et intense, son profil atypique d'attaquant rapide, pouvant jouer la profondeur et en pivot, lui permet d'avoir des statistiques raisonnables pour une première saison dans l'élite : 6 buts et 7 passes décisives en 35 journées, un résultat honorable pour un jeune joueur qui n'a jamais connu le très haut niveau, la promesse d'un futur meilleur et d'une progression inévitable et logique.

La stabilisation du club, le travail de Pochettino dans le bon sens, à la recherche du beau jeu et du geste juste, conviennent plus à Rodriguez, qui semble avoir compris les rouages de la Premier League. Avec un rôle un peu plus axial, l'attaquant anglais s'est mué en véritable renard des surfaces, capable de marquer des buts dans toutes les positions. Après 32 journées, il a marqué 15 buts, ce qui fait de lui le deuxième buteur anglais derrière l'intenable Sturridge (20 buts), à égalité avec Rooney, au quatrième rang du classement.

Se retrouver entouré de tels joueurs, avec Agüero, Dzeko, Negredo, Van Persie, et devant les joueurs qui incarnent la « relève » de la Premier League, que sont Bony, Lukaku, Benteke ou Hazard, est la preuve que Rodriguez en a encore sous la semelle, et qu'il peut progresser s'il continue dans ce sens. Il a inscrit des buts importants face aux meilleures équipes du championnat, Manchester United, Tottenham, Liverpool ou Chelsea, et confirme qu'il faudra compter sur lui dans les années à venir.

Jay Rodriguez, un attaquant qui se fait un nom...

Rickie Lambert, le patient anglais




L'expérimenté. Lambert est le joueur atypique par excellence, allant à l'encontre de toute logique. Contrairement à ses deux jeunes coéquipiers, il est connu depuis de nombreuses années, mais n'a jamais eu l'occasion de confirmer au très haut niveau. Recalé par le centre de formation de Liverpool, il se retrouve à Blackpool pour essayer de percer dans le football. C'est une expérience ratée, et il se retrouve alors à végéter entre la League One et la League Two dans des clubs comme Macclesfield Town, Stockport County ou Rockdale, en parallèle de ses petits boulots pour compléter ses fins de mois.

C'est à Bristol Rovers que Lambert commence à trouver de bonnes sensations. Il inscrit 8 buts en 36 journées en League Two en 2006/2007, puis 43 buts buts en 92 matchs de League One les deux saisons qui suivent. Un total intéressant, qui lui ouvre les portes du club de Southampton à 27 ans, qui l'achète pour 1,2 million d'euros. Très vite, Lambert montre l'étendue de son talent. En deux saisons de League One, il inscrit 51 buts en 90 matchs, et participe à la montée du club en Championship, le pic de sa carrière à ce moment-là. Pour sa seule saison à ce niveau, Lambert inscrit 27 buts en 42 journées, finit meilleur joueur du championnat et fait monter son club. Un « vieux » joueur est né.

Il découvre la Premier League à 30 ans. Il a une image très lointaine de tous ces talents qui germent un peu partout en Angleterre. Cependant, Lambert ne fléchit pas et confirme qu'il n'est pas là par hasard. Il joue tous les matchs du championnat, et si Southampton fait ce qu'il fait cette saison, c'est en partie grâce aux prouesses réalisées par Lambert lors de la première année du club en Premier League depuis plusieurs années. Il inscrit la bagatelle de 15 buts, un bilan très positif pour un joueur qui a traversé des épreuves difficiles tout au long de sa carrière. Son jeu de corps, sa finesse et son sens du but, jeu qu'il a su développer grâce aux qualités techniques et à la « lenteur » qui le caractérise, ont fait de lui un joueur redoutable qui ne cesse d'étonner.


Rickie Lambert, le vétéran.

Un triangle équilatéral




Alors que Gaston Ramirez, acheté près de 15 millions d'euros lors de la montée du club en Premier League, ou Pablo Osvaldo, en provenance de la Roma pour la même somme, étaient attendus comme ceux qui allaient faire passer le club dans une autre dimension, c'est bien la triplette anglaise de l'attaque de Southampon qui a fait progresser le club. A bien des égards, Southampton ressemble au Liverpool irrésistible de cette saison : un maillot rouge, du beau jeu déployé et des Anglais très en forme.

Assistés par un Shaw qui est l'un des grands espoirs du football anglais, d'un milieu de terrain mésestimé, composé du prometteur Ward-Prowse, de Davis et de l'énigmatique Morgan Schneiderlin, le trio d'attaque forme un triangle parfaitement dessiné qui affiche cette saison des statistiques étonnantes : 34 buts sur les 49 inscrits par le club, avec un Rodriguez qui prend peu à peu le rôle du finisseur, Lallana qui est le feu follet à la palette complète et Lambert, qui même s'il marque moins que la saison passée, est toujours aussi utile, décrochant et servant de pivot, mettant en relation ses deux compères d'attaque.

34 buts et 19 passes décisives cumulés, un total très élevé pour ce club, qui peut compter sur trois joueurs qui se partagent parfaitement les rôles. Le match de ce week-end face à Newcastle est le résumé parfait de l'entente entre les trois, tous aussi utiles les uns que les autres, et d'une complémentarité affolante : deux buts pour Jay Rodriguez, un pour Adam Lallana et Rickie Lambert, une division des tâches d'une précision chirurgicale. Si avec les résultats, la manière y est, le public du St Mary's Stadium peut se frotter les mains jusqu'à épuisement.

Southampton, l'équipe en vogue en Premier League, derrière les "sept intouchables".


Roy Hodgson et la tentation de l'inédit




Le Mondial approche à grands pas, et il est temps pour Roy Hodgson de faire des choix. Arrivé en catastrophe suite à la démission de Capello, le technicien anglais n'avait pas eu le temps de faire de son équipe, un prétendant sérieux lors de l'Euro 2012. Deux ans se sont écoulés, et la donne a complètement changé. Les événements récents en Premier League devraient obliger Roy Hodgson à revoir sa tactique. Alors qu'il s'appuyait sur une défense très solide pour tenter de venir à bout de ses équipes, l'éclosion de talents offensifs en Angleterre offre des possibilités plus larges à l'ancien entraîneur de Liverpool.

Liverpool, c'est une des équipes où Hodgson regardera indéniablement. Sterling, Sturridge, Henderson sont les trois jeunes anglais qui devraient être parmi les 23. Trois joueurs de grands talents... comme ceux de Southampton. Hodgson osera-t-il prendre le « LRL »? La question mérite d'être posée. Le sélectionneur anglais a déjà appelé les trois joueurs suite à leurs performances remarquables en club. Lallana a déjà joué trois fois pour la sélection anglaise, et s'est fait remarquer grâce à sa passe décisive pour Sturridge lors du dernier match amical face au Danemark. Rodriguez a lui connu sa première sélection lors du match perdu face au Chili en novembre dernier, Lambert, quant à lui, a déjà marqué deux fois en quatre sélections, face à l'Ecosse et la Moldavie.

Quelles sont les réelles chances pour les trois d'être sélectionnés ? Lallana semble partir avec une longueur d'avance, son profil de joueur pouvant jouer sur tout le front de l'attaque étant un plus qui pourrait séduire Hodgson. Rodriguez est lui un peu plus en retrait, n'ayant pas été sélectionné depuis son match face au Chili, mais pouvant semer le doute dans l'esprit de son sélectionneur avec ses belles performances récentes. Lambert, lui, n'a rien d'un Jay Bothroyd. L'attaquant qui joue aujourd'hui en Thaïlande, avait créé le buzz en connaissant sa seule et unique sélection, à 28 ans, face à la France. L'attaquant de Southampton donne plus de garanties, et pourrait faire partie du voyage si il continue sur sa lancée, pouvant être privilégié à un Andy Carroll qui peine à revenir à un niveau acceptable pour jouer un Mondial.

Une chose est sûre : les trois de Southampon ont tout fait pour connaître la joie de jouer un Mondial. Walcott avait été sélectionné pour le Mondial 2006 alors qu'il évoluait à Southampton, c'est peut-être là un motif d'espérance pour les trois. Peter Shilton, Mick Shannon, Matthew Le Tissier dans une moindre mesure, ont longtemps joué pour Southampton et ont connu la joie d'une belle carrière internationale. Anders Svensson est lui aussi un exemple à citer, le Suédois ayant joué chez les Saints et étant le recordman de sélections depuis peu, dépassant Thomas Ravelli.


A Hodgson de décider. Les choix sont multiples et variés, Ross Barkley étant peut-être le grain de sable qui fera la décision. Voir les "Trois" chez les Three Lions au Brésil, ce serait une belle histoire.


Les Trois Lions de Southampton.

jeudi 27 mars 2014

Le Real Madrid se fait barber par Séville

Trois jours après sa défaite face au FC Barcelone, le Real Madrid s'est une nouvelle fois incliné (2-1) sur la pelouse du FC Séville. Les Merengues sont relégués à la troisième place, derrière l'Atletico Madrid, difficile vainqueur de Grenade (1-0), et le FC Barcelone, qui s'est défait du Celta Vigo (3-0).


Carlos Bacca, auteur d'un doublé face au Real Madrid.


Le Real Madrid vit un cauchemar. Alors qu'ils avaient l'occasion de faire le trou en battant le Barça dimanche soir, les hommes de Carlo Ancelotti se trouvent désormais dans une situation très inconfortable. Invaincu pendant près de cinq mois, le club de la capitale espagnole a subi en Andalousie un deuxième revers d’affilée, qui compromet sérieusement leur chance de titre, à huit journées de la fin du championnat.

Privé de Sergio Ramos et de Di Maria, le Real Madrid avait pourtant bien commencé la rencontre. Benzema, auteur d'une prestation solide, dimanche dernier, se procure les premières occasions du match, et est proche de tromper Beto à plusieurs reprises (7', 11', 12'). A force de pousser, le Real Madrid finit par trouver la faille, sur un coup franc dévié des 25 mètres de l'inévitable Cristiano Ronaldo. Très discret face à Barcelone, la star portugaise inscrit son 27ème but de la saison en Liga, et met son équipe sur les bons rails (0-1, 13').


Pepe grillé, Bacca en feu




Le club andalou confirme qu'il est la victime préférée de CR7, avec ce 16ème but concédé devant le Ballon d'Or. Les Palanganas vivent un début de match très compliqué et ont du mal à ressortir le ballon. Mais depuis quelques matchs, la défense madrilène semble un peu plus friable, et c'est sur un dégagement anodin d'Iborra que les locaux reviennent à la marque. L'ancien Gunner, Reyes, déborde sur le côté droit et sert parfaitement le Colombien Bacca, qui trompe subtilement Diego Lopez en se jetant devant lui (1-1, 19'). Pepe, aux avants-postes, a complètement lâché sa défense et n'est pas redescendu après le contre favorable dont a bénéficié le FC Séville.

Les Madrilènes réagissent, Ronaldo trouvant le poteau de Beto juste avant la pause (43'). Mais quand ça ne veut pas, ça ne veut pas. Le « BBC » du Real Madrid semble être en mode « off » et rate tout ce qu'il entreprend. En face, Séville fait très peu de choses, mais le fait bien. Rakitic, auteur d'un doublé au match aller, mystifie Pepe, à l'agonie sur la pelouse du stade Sanchez Pizjuan, d'un coup du sombrero, et sert parfaitement en profondeur Bacca, qui trompe une nouvelle fois Diego Lopez entre ses jambes (2-1, 72'). Le Colombien inscrit son 14ème but de la saison, et envoie un signal fort à José Pekerman en attendant le retour probable de Falcao à la pointe de l'attaque de la Tricolor. C'est cruel pour le Real, qui rompt sur les deux seules occasions nettes de Séville.

La fin du match est à sens unique, mais les Madrilènes n'y arrivent pas. Ronaldo et Benzema se marchent dessus, Bale veut à tout prix jouer les héros et tire à tout-va. Le banc du Real a montré ses limites, les cartouches étant peu nombreuses et dans le doute (Morata, Isco).
Séville joue un mauvais tour au Real Madrid, et confirme son retour en forme, après sa qualification pour les quarts de finale de l'Europa League. Les Andalous peuvent espérer titiller l'Athletic Bilbao pour la quatrième place. En revanche, tout se complique pour le Real, qui n'avait pas besoin de ça. Cette première défaite en championnat en semaine depuis 2007 a un goût amer, et sème le doute dans les têtes madrilènes avant les prochaines échéances à venir, en Ligue des Champions face au Borussia Dortmund, mais aussi pour la finale de la Copa del Rey face au Barça, qui s'approche à grands pas...


Le Barça sur sa lancée, l'Atletico se met à rêver




Un peu plus tôt dans la soirée, le Barça sa facilement battu le Celta Vigo. Le club dirigé par Luis Enrique, un ancien de la maison, n'a rien pu faire face à une machine catalane qui semble repartie de plus belle. La défaite concédée à Valladolid a été digérée, Messi et ses coéquipiers n'ont pas eu à force leur talent mercredi soir. Neymar a retrouvé le chemin des filets, en inscrivant un doublé (6', 67'), sur deux passes décisives d'Alexis Sanchez. Le Brésilien en est à 9 buts en championnat, et se réveille au meilleur moment après un début d'année 2014 compliqué. Messi a lui inscrit son 21ème but de l'année, son 22ème cette saison, après avoir crocheté Yoel sur un bon service d'Iniesta (30'). Les Catalans ont eu plusieurs fois l'occasion d'alourdir le score, mais Neymar et Fabregas ont été signalés hors-jeu. Les Catalans doublent le Real Madrid et prennent deux points d'avance sur leur rival, juste derrière l'Atletico.
Le seul point noir de la soirée est la blessure de Victor Valdès. Le portier catalan a sans doute joué son dernier match avec son club de toujours suite à cette blessure au genou, et peut faire une croix sur le Mondial au Brésil.


La sensation de cette saison de Liga reste l'Atletico Madrid. Etonnant ou pas, les Colchoneros n'ont jamais été aussi près du but. A huit journées de la fin, ils sont seuls leaders du championnat grâce à une victoire difficile face à Grenade (1-0). Le « deuxième » club de Madrid n'est pas tombé dans le piège d'un autre club andalou, et peut remercier leur sauveur, Diego Costa, auteur de son 24ème but de la saison. L'hispano-brésilien s'est arraché sur un corner de Koké (63'), pour faire rêver un Vicente Calderon qui attend un titre de champion depuis 1996. Grâce à la défaite du Real Madrid, les Rojiblancos prennent trois points d'avance sur leurs voisins, avec l'avantage d'être devant dans les confrontations directes en cas d'égalité.
Morphée ouvre grands ses bras pour l'Atletico Madrid, le rêve d'un dixième titre se faisant de plus en plus intense. La semaine de tous les dangers arrive, avec un déplacement périlleux à Bilbao puis la double confrontation face au FC Barcelone en Champion's League, avant le match de la saison au Camp Nou lors de la dernière journée du championnat, qui pourrait bien décider du champion. A moins que le Real Madrid ne refasse surface...


Diego Costa, l'homme de la fin de saison en Liga?


mardi 25 mars 2014

Milan AC, un monument en péril

Club européen le plus titré, le Milan AC n'est plus que l'ombre de lui-même depuis plusieurs mois. Empêtré dans des problèmes économiques, traversant une crise politique sans précédent, le club dirigé de Berlusconi semble en perdition totale. La situation milanaise n'est cependant pas un hasard, et trouve son explication dans les nombreux choix étonnants qu'a réalisés le club depuis des années. Analyse.

Kakà, symbole de deux Milan.


Il fut un temps où le simple fait d'évoquer le Milan AC renvoyait à une image de classe, de prestige, et faisait saliver tous les joueurs de football ainsi que les amoureux de ce sport. Ce temps semble révolu. La "magie" qui entourait ce club, son histoire, ses victoires et même ses défaites mémorables, comme celle subie un soir de mai 2005 dans le Stade Olympique Atatürk d'Istanbul face à Liverpool, en finale de Champion's League, s'est envolée, disparue. Triple finaliste de la compétition reine en Europe durant les années 2000, le Milan AC ne risque pas de la retrouver de sitôt. Les causes de cette terrible régression sont diverses et variées, et trouvent leurs origines dans une gestion calamiteuse de l'effectif, des finances, mais aussi de l'histoire de ce club.



Les prémices d'un changement de cap



8 juin 2009. Le dernier Ballon d'Or rossoneri s'envole vers d'autres cieux. Kakà, après six années de bons et loyaux services, rejoint le Real Madrid pour 68 millions d'euros. Plus que le transfert d'un immense joueur, le Milan AC a perdu ce jour, son image de club classe et raffiné. L'équipe est toujours compétitive, garnie de joueurs avec un palmarès étoffé, mais vient de perdre son seul joueur dans la force de l'âge, capable de tenir à bout de bras un si grand club.

Le Brésilien n'est pas le seul à laisser Milan derrière lui. Carlo Ancelotti, au club depuis 2001 et avec qui il a tout gagné, part du côté de Londres pour entraîner Chelsea. Avec ces départs, le Milan AC perd plus que deux hommes, il perd deux leaders, deux monstres qui caractérisaient le succès du club. Il serait tout de même réducteur de justifier un possible déclin par le départ de ces deux personnages.

Alors qu'ils étaient au sommet de l'Europe en 2007, le club lombard a vu son parcours s'arrêter brusquement en huitièmes de finale de la Champion's League face à la jeune équipe d'Arsenal en 2007/2008, avant d'être relégué dans en seconde division européenne en jouant la Coupe de l'UEFA lors de la saison 2008/2009, aux côtés de l'Udinese et de la Sampdoria. Reculer pour mieux sauter? Pas si sûr. Les transferts qui entourent le club vont dans ce sens: Senderos, Abate, Antonini, Flamini, et même Cissokho, le temps d'une visite médicale qui échoue, portent l'écusson du club. Le début d'une nouvelle ère diront certains. D'autres y verront le début d'une régression.

Leonardo, symbole du club, prend la succession d'Ancelotti. Un choix étonnant, car le Brésilien n'a aucune expérience à ce poste. La saison est mitigée, Milan termine tout de même sur le podium, à une dizaine de points de la Roma et de l'intouchable Inter, qui réalise le triplé en 2009/2010. Milan vit mal le succès du club voisin, et comprend qu'il est nécessaire de mettre la main à la poche malgré les problèmes financiers, pour redorer le blason du club.


Ancelotti, double vainqueur de la Champion's League avec le Milan AC.


Ibrahimovic et Thiago Silva, les arbres qui cachent la forêt



Berlusconi et Galliani réalisent le gros coup à la fin du mois d'août 2010. En difficulté au Barca, Zlatan Ibrahimovic rejoint le Milan AC, son troisième club en Italie. Avec ce transfert, le Milan AC tient une valeur sûre, un joueur capable de remettre le club sur les bons rails. Robinho et Boateng, tous deux auteurs d'un beau Mondial sud-africain, rejoignent eux aussi le navire rouge et noir.

Ibrahimovic s'impose d'emblée comme le patron de l'équipe. Il réalise une belle saison en inscrivant 14 buts et délivrant 14 passes décisives, réalisant l'exploit de faire marquer des joueurs qui ne marquaient pas beaucoup jusque-là. Robinho et Pato terminent eux aussi à 14 buts, le Milan AC s'était trouvé des leaders techniques, trouvant un équilibre entre les lignes. Thiago Silva montre un niveau qu'on ne lui connaissait pas, le milieu Pirlo-Gattuso retrouve de sa superbe, l'attaque est efficace, Milan gagne le titre facilement, une première depuis 2004, une éternité pour un tel club.

La saison suivante est à l'image de la précédente. Le Milan AC joue les premiers rôles, il est un acteur majeur du championnat italien et retrouve un niveau acceptable en Europe. Le club élimine Arsenal en huitièmes et retrouve les quarts de finale de Champion's League, une première depuis quatre ans, eux qui s'étaient fait corriger en huitièmes (2-3, 0-4), par Manchester United en 2009/2010, et éliminés par Tottenham (0-1, 0-0), la saison précédente. Ils tombent en quarts face au FC Barcelone en ayant montré de belles choses.

En championnat, le club perd le titre à la 37ème journée au profit de la Juventus, qui redevenait le club qu'il était et qu'il doit être, performance en partie due aux prouesses de sa star suédoise, auteur de 28 buts en championnat, son record personnel. L'attaquant milanais a tiré son équipe vers le haut, réussissant à délivrer une dizaine de passes décisives, la plupart vers Nocerino qui a atteint les 10 buts en championnat. Thiago Silva a lui aussi montré qu'il était un défenseur de classe mondiale, tenant la baraque derrière. Les deux joueurs sont les symboles d'une équipe qui a retrouvé le goût de la victoire et les premiers rôles. Mais cette situation est de courte durée, les Milanais ne pouvant pas les retenir, à cause de leurs salaires et de leurs valeurs. Ils sont transférés vers le PSG pour environ 70 millions d'euros. Un mal pour un bien?

Les supporteurs milanais doivent se gratter la tête lorsqu'ils voient Ibrahimovic et Thiago Silva avec le PSG...

Le tournant de l'été 2012



L'énorme somme que rapporte le transfert des deux stars de l'équipe vers le PSG sert à renflouer les caisses du club et non à reconstruire une équipe compétitive. En plus d'Ibrahimovic et Thiago Silva, d'autres joueurs s'en vont, et non des moindres. Quatre légendes du club, qui ont fait les beaux jours du Milan AC, quittent le navire: Clarence Seedorf s'en va à Botafogo, Alessandro Nesta à l'Impact Montréal, Gennaro Gattuso vers Sion et Filippo Inzaghi prend sa retraite. Mark Van Bommel six mois après son arrivée, Gianluca Zambrotta, Antonio Cassano, Alberto Aquilani, sont les autres joueurs majeurs qui partent du Milan AC.

Ces départs, plus que la volonté d'économiser des gros salaires, posent les problèmes de la porte de sortie réservée aux "dinosaures" de la maison. Maldini, qui s'est retiré en 2009, n'a aucun rôle au sein de l'organigramme, chose étonnante pour une personne qui a consacré sa vie au club. Le départ d'Andrea Pirlo pour la Juventus la saison précédente est un autre signe de ce mal qui colle au club quand il s'agît de préparer la succession des cadres, de "remercier" les anciens.

Le Milan AC perd plus que des joueurs talentueux et des compétiteurs. Il perd aussi les tauliers du vestiaire, ceux qui maintenaient le club à flot et qui renvoyaient aux succès lombards sur la scène continentale. Plus d'une équipe complète part, quasiment tous les meilleurs joueurs d'un coup, c'est beaucoup trop pour une seule équipe. Là où le bât blesse, c'est que les nouveaux arrivés au club ne sont pas ceux que l'on attend. Seul Riccardo Montolivo est un nom et semble avoir le niveau pour évoluer dans un tel club.


Ibrahimovic, Seedorf, Pato, Thiago Silva, Cassano, Van Bommel, Gattuso, Inzaghi, Nesta, Zambrotta... même pour Milan, c'est beaucoup trop d'un coup.


Faire du neuf avec du vieux: le pari raté des dirigeants milanais



Au niveau des transferts notables et autres que ceux de joueurs "moyens", le Milan AC a pris l'habitude de vouloir relancer d'anciennes légendes, dans le souci de garder une image prestigieuse. Ronaldo est le premier exemple de cette stratégie. Malgré de bons débuts, il se blesse rapidement et ne peut pas justifier son transfert comme il le pouvait. Sur le déclin, le Brésilien laisse un souvenir mitigé du côté de Milan. Dans le même genre, le retour d'Andriy Schevchenko est catastrophique. L'Ukrainien n'est plus au niveau et n'a pas le même rendement que lors de son premier passage. Ronaldinho, après cinq belles années au Barca, est intermittent et ne retrouve pas son niveau d'antan.

Alexandre Pato est le seul "jeune joueur" pioché par le Milan AC qui donne l'impression de donner un nouvel élan au club, mais ses blessures à répétition sont un handicap et il ne confirme pas les espoirs placés en lui. L'échec de Pato du côté de l'Italie est une des raisons qui explique la situation actuelle du Milan AC, car il avait toutes les cartes en main pour devenir un des tous meilleurs attaquants du monde et ainsi renouveler le cycle des grands joueurs qui sont passés au club, et qui se sont inscrit sur la durée.

Au lieu de ça, le club collectionne les joueurs qui ont une valeur intéressante mais pas au niveau de leurs prédécesseurs. Giampaolo Pazzini, lui aussi vu comme un des tous meilleurs à son poste en Italie, ne confirme pas. Sa pige à l'Inter ne se passe comme prévu et Milan donne une nouvelle fois l'impression de vouloir "recycler" des joueurs. Alessandro Matri est dans le même cas, lui qui n'a jamais eu sa place à la Juventus, n'a pas tenu quatre mois du côté de Milan avant de partir du côté de Florence. Milan ne sent plus les coups et perd du temps avec des plus transferts plus farfelus les uns que les autres. Kakà, de retour dans le club qui l'a révélé, tient un peu plus la corde que les joueurs précédemment cités, mais comme un malheur ne vient jamais seul...

Les Ballon d'Or 2004 et 2005 sous le même maillot.


Une inversion des valeurs préjudiciable


Si le problème du Milan AC ne résidait que dans le fait de vouloir remettre sur pieds les anciennes gloires ou des joueurs qu'on pense bons et dans la fleur de l'âge, ce ne serait pas si grave. Le club est allé plus loin dans sa volonté de reconstruire, mais malheureusement, les bonnes volontés ne suffisent pas. Une succession de transferts aussi incompréhensibles les uns que les autres, ternit et écorne l'image du club.

Les années où Berlusconi sortait les billets sont révolues. Milan doit faire dans le low-cost, et pour le coup, ou le coût, au choix, les choix sont très discutables. Les dirigeants se tournent vers les joueurs en fin de contrat, et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'ils n'ont pas eu le nez très creux. La Ligue 1 est un des championnats vers lequel le club rossonero se tourne. Bakaye Traoré et Taye Taïwo rejoignent l'Italie. Sans vouloir remettre en cause le professionnalisme de ces joueurs, jamais ils n'auraient pu poser un pied à Milanello si Milan était le club qu'il était encore au milieu des années 2000.

Ces deux joueurs, rapidement prêtés un peu partout à travers l'Europe, sont deux exemples parmi tant d'autres, dans une liste très longue: Mexes n'est pas le défenseur qu'il était à la Roma lorsqu'il est venu de l'AJ Auxerre, et a coûté de nombreux buts à son club dans les matchs à enjeu, obligeant Nesta à reprendre du service alors qu'il traîne des blessures récurrentes, la signature d'Adil Rami est aussi un choix étonnant, le Français montrant un niveau moyen dernièrement à Valence. Constant, Zapata, Mesbah, Bojan, Didac, Onyewu sont autant de joueurs qui prouvent à quel point le club milanais n'a plus le même niveau d'exigence qu'à une certaine époque.

Pire encore, le Milan AC se trouve des leaders qui ne doivent pas en être. Costacurta, Rui Costa, Maldini semblent être de lointains souvenirs. Ce sont Taarabt, Niang et Balotelli qui ont pris la relève. Ces joueurs sont doués techniquement, mais sont symptomatiques du virage désastreux qu'a pris le Milan AC dans sa politique de recrutement. Balotelli, accueilli comme une star, à l'instar du Japonais Honda, ne devrait pas être le leader technique et "charismatique" d'un club comme Milan, pas après avoir eu des attaquants comme Schevchenko, Inzaghi ou Crespo il y a peu. Cette inversion complète des valeurs du club témoigne d'un état critique qui ne risque pas de s'arranger si la sonnette d'alarme n'est pas tirée.


Le nouveau Milan AC.


Clarence Seedorf, symbole du marasme lombard



Alors qu'il s'était fait un nom en Italie suite au sacre du Milan AC lors de la saison 2010/2011, Massimiliano Allegri n'a pas confirmé. Lui aussi donne l'impression d'avoir "surfé" sur la vague Ibrahimovic, qui a tiré le club vers le haut, mais qui avec son départ, l'a précipité dans un gouffre. L'ancien entraîneur de Cagliari a vu ses performances à la tête du club se dégrader au fur et à mesure que le temps passe, dès lors que les cadres du club sont partis. La gestion du cas Pirlo est un caillou qui est longtemps resté dans sa chaussure et qu'il a traîné comme un boulet jusqu'à son éviction, au début de l'année 2014.

Alors qu'Inzaghi était annoncé pour reprendre les rênes du club, les dirigeants contactent une autre légende milanaise, Clarence Seedorf. Le Néerlandais met un terme à sa carrière de footballeur en se libérant de son contrat avec Botafogo. Seedorf, c'est un nom, ça a "de la gueule", c'est un homme de la maison, mais le timing paraît tout de même assez serré. Est-ce le meilleur choix pour sortir Milan de cette situation compliquée? Les avis sont partagés. Même s'il connaît le club parfaitement et qu'il incarne le club à travers son nom, son histoire et son aura, il n'est pas assez solide pour supporter toute cette pression.

Milan est dans une crise telle qu'il faut un entraîneur qui sait terminer les saisons pour espérer redémarrer et redécoller dès la saison prochaine. Seedorf n'a pas d'expérience dans le métier et manque d'envergure pour ce poste. L'équipe ne tourne pas, il n'y a pas de leaders, Kakà, abonné aux blessures et au banc au Real Madrid, doit se sublimer pour éviter le ridicule et est coopté pour un rôle qui ne devrait pas être le sien. Le choix de Seedorf comme entraîneur a tout d'une erreur, un choix prématuré pour un club qui avait besoin d'un vieux briscard capable de limiter la casse. Seedorf aurait été un choix plus judicieux à l'avenir, après avoir fait ses preuves ailleurs. Diriger un tel groupe où les valeurs se perdent, c'est beaucoup trop, même pour quelqu'un qui fait partie intégrante du club. 

La nomination de Seedorf à la tête d'un club malade donne l'effet inverse: non seulement, le Milan AC va de plus en plus mal, et n'a même pas pu montrer qu'il avait "l'ADN européen" en se faisant laminer par l'Atletico, alors qu'il avait encore une infime fibre de cet ADN la saison passée lors du match aller face au FC Barcelone, mais pire encore, l'image d'une figure du club risque de s'abîmer avec les résultats de plus en plus inquiétants, le club jouant la seconde partie de tableau et ne montrant aucun signe de redressement.
De Allegri à Seedorf, une transition difficile.


Miser sur les jeunes, un remède efficace?



Quelles solutions pour le Milan AC? A première vue, il va falloir revoir la politique sportive, avec un remaniement d'effectif obligatoire. La Juventus, qui avait connu une période très difficile pendant le règne de l'Inter, a réussi à inverser la vapeur et à repasser devant les deux clubs de Milan, qui sont à leur tour dans une situation compliquée. La Vieille Dame a procédé par étapes: elle a mis à sa tête un homme à poigne, icône du club et qui a des idées claires, Antonio Conte. L'Italien, après avoir fait ses gammes à l'Atalanta et à Sienne, a pris les commandes d'un club malade et a réussi à faire un recrutement intelligent tout en rappelant les joueurs prêtés comme Matri, Quagliarella, Pepe, Boriello ou Caceres, pour étoffer son groupe.

La Juventus a vu sur le long terme et a développé son centre de formation. Même s'ils ne sont pas à Turin, le club a mis un peu partout en Italie et ailleurs, des joueurs qui leur seront utiles à l'avenir, et qui ont déjà une belle côte: Berardi, Maronne et Simone Zaza à Sassuolo, Leali a Spezia Calcio, Bouy à Hambourg, Boakye à Elche...

Milan n'en est pas encore là. La non-qualification aux coupes d'Europe doit profiter au club. Le club n'a pas le réservoir de jeunes de la Juventus et doit travailler de ce côté-là. Malgré ça, il y a tout de même quelques jeunes joueurs qui ont une côte: Mattia De Sciglio, capable de jouer à droite et à gauche de la défense, est déjà un joueur expérimenté qui a goûté à la sélection. Bryan Cristante et Andrea Petagna, encore très jeunes, offrent de belles perspectives d'avenir, le tout est de savoir s'ils seront bien encadrés et suivront une progression qui leur permettra de devenir rapidement des joueurs sur qui le club pourra compter.

Stephan El Shaarawy, acheté très jeune par le Milan AC, est l'exemple type du joueur qui a fait la grosse saison trop tôt, et qui semble accuser le coup depuis. L'Italien a réalisé six premiers mois de folie avant de connaître un énorme coup de pompe durant la seconde moitié de la saison, du fait de l'accumulation des matchs à enjeu, mais aussi à cause de l'arrivée de Balotelli qui l'a obligé à se décaler. Depuis, le Pharaon ne joue plus, usé par les efforts qu'il a réalisés, trop importants pour un jeune joueur dans un grand club, une chose anormale, alors qu'il devait continuer à progresser en étant encadré comme il l'était lorsqu'il évoluait aux côtés des cadres du vestiaire lors de la saison 2011/2012.

Le Milan AC doit trouver un équilibre entre un recrutement intelligent, la formation de jeunes joueurs et l'accompagnement de ces derniers par des cadres légitimes, autres que ceux qui sont en place. Une chose est sûre, il va falloir un grand chantier à Milan pour retrouver le club qui a fait rêver l'Italie et l'Europe pendant plusieurs décennies.

El Shaarawy, la jeunesse du Milan AC.

lundi 24 mars 2014

Le Barca est de retour

Au terme d'un match d'anthologie, le Barca s'est logiquement imposé au Bernabeu (3-4), et revient à un point du Real Madrid. Grâce à un triplé de Messi, les Catalans relancent la course au titre. Karim Benzema a inscrit un doublé.


La joie des Catalans sur le but d'Iniesta.

Un régal. Toute la planète football attendait ce Clasico avec impatience, et personne n'a été déçu. Le Real, en position de force avec ce match capital, avait l'occasion de reléguer son ennemi de toujours à sept points. Raté.

Le Clasico n'est pas le même que lorsque Mourinho et Guardiola entraînaient les deux équipes, mais il reste tout de même le moment fort de la saison en Liga et dans le football mondial. Fini les tactiques défensives pour le Real, Ancelotti démarre avec son trio habituel en attaque et Di Maria au milieu du terrain. Martino, lui, préfère Neymar à Sanchez et Pedro, et aligne Iniesta sur l'aile gauche de l'attaque.
Le match part sur des bonnes bases et Iniesta crucifie Diego Lopez dès la première occasion du Barca. Sur une action d'école, Messi offre le ballon au numéro 8 catalan sur un plateau, qui envoie le ballon dans la lucarne d'une belle frappe du gauche (7', 0-1). Le Real est cueilli à froid chez lui dès le début du match, mais réagit bien et ne rends pas les armes. Benzema, de retour de blessure, rate une énorme occasion après un bon service de Di Maria qui a réalisé un festival sur son côté (13').


Benzema/Di Maria, dix minutes de feu



Le Barca, qui gère de manière aisée son avance à la marque, est tout proche de doubler la mise par l'intermédiaire de Messi qui voit sa frappe croisée du gauche passée à quelques centimètres du poteau gauche de Diego Lopez (14'). Les Madrilènes ont du mal à inquiéter Victor Valdès dans le premier quart d'heure, mais c'était sans compter sur l'attaquant de pointe des Bleus, bien décidé à confirmer son retour en forme depuis quelques semaines.

A la suite d'un centre parfait venu de la gauche de Di Maria, Benzema égalise d'un but rageur de la tête, et remet son équipe sur les bons rails (1-1, 20'). Benzema et Di Maria, on les retrouve quatre minutes plus tard, sur une action similaire: Di Maria centre, Mascherano est trop court, et Benzema, d'un contrôle de la cuisse parfaitement réalisé, parvient à mettre le ballon dans le bon sens et à le reprendre de volée à bout portant (24', 2-1). Bernabeu exulte. Benzema est le premier Madrilène qui inscrit un doublé à domicile depuis Raul en 2001. Le match aurait pu être plié deux minutes plus tard si le Français n'avait pas vu sa frappe repoussée par Piqué sur la ligne, après un nouveau service de la gauche de Di Maria (26').

Le Barca, malgré cette période très difficile, ne baisse pas les bras et montre un visage très serein, sûr de sa force. Le Real a refait son retard et laisse le ballon aux Catalans, qui retrouvent leur jeu pour lequel ils sont réputés, en faisant tourner le ballon, jouant dans les petits espaces, jeu court, jeu long.


Messi dans l'histoire, Bale et Ronaldo transparents



Les Blaugranas sont récompensés avant la mi-temps, sur une nouvelle action de grande classe. Messi fixe la défense, transmet le ballon à Neymar qui s'empêtre dans les défenseurs madrilènes. L'Argentin, opportuniste, récupère le ballon, crochète son vis-à-vis et catapulte le ballon à ras de terre dans le petit filet (2-2, 42'). Discret dans la construction, le quadruple Ballon d'Or est sans pitié dans les zones clés du terrain. Il inscrit au passage son 19ème but dans un Clasico, devenant ainsi le meilleur buteur de l'histoire des confrontations entre le Real Madrid et le FC Barcelone.

La seconde période repart sur les mêmes bases. Cristiano Ronaldo, discret depuis le début du match, obtient un penalty généreux pour une faute de Daniel Alves. Le Portugais ne se fait pas prier et redonne l'avantage aux siens (3-2, 55'). Avant le but madrilène, Benzema était une nouvelle fois tout proche du triplé, mais Valdès veillait au grain. Les Catalans restent sûrs d'eux et ne s'affolent pas malgré ce nouveau but madrilène. Iniesta, très remuant sur l'aile gauche, est proche de mettre un but somptueux d'une demi-volée instantanée qui rase la barre de Diego Lopez (60').

Comme si le match n'était pas mouvementé jusque-là, Sergio Ramos commet l'irréparable. Neymar, bien parti dans le dos de Marcelo, prend de vitesse l'axe gauche de la défense et est retenu par le capitaine madrilène. Rouge et expulsion pour Ramos, une nouvelle fois. Messi transforme le but sans trembler (3-3, 64'), et rentre un peu plus dans l'histoire. Ronaldo, lui, est toujours à côté de la plaque, malgré son but. Bale, malgré son activité sur son côté, réalise lui aussi une prestation très mitigée.



Barcelone gère, le Real pèche



La sortie prématurée de Ramos entraîne celle de Benzema, le meilleur joueur madrilène jusque-là. A partir de là, le Real Madrid ne se créer plus aucune occasion dangereuse, et laisse le Barca gérer tranquillement, Martino se permettant de faire rentrer Pedro et Sanchez. Les Catalans sont une nouvelle fois récompensés pour leurs efforts, lorsque Iniesta est pris en sandwich par Carvajal et Xabi Alonso. Bis repetita, Messi transforme la sentence (3-4, 84').

Malgré l'expulsion de Ramos, le Barca a donné l'impression de jouer tranquillement, sans forcer. Benzema a donné de nombreux frissons à la défense, mais pas assez pour faire trembler une machine qui semble retrouver de sa superbe. Après Manchester City, Barcelone se paie le Real Madrid. Le milieu catalan a été impérial et n'a même pas cherché à envenimer le match, Messi a joué en marchant et est allé de son triplé.

En revanche, pour le Real, c'est un gros coup d'arrêt. Après 30 matchs sans défaite, le Real tombe une nouvelle fois face au Barca. Malgré une impression de rouleau compresseur, le Real Madrid a raté ses matchs face aux gros et n'a récolté qu'un point sur les douze possibles, un bilan famélique. Les Merengues voient leurs voisins de l'Atletico reprendre la place de leader, et le rival catalan revenir à un point.
La Liga est relancée et le suspense est à son comble. Une chose est sûre, on ne se lacera jamais de ce genre de matchs.



Accrochage entre Fabregas et Pepe sur le second but catalan.



Les notes du match



REAL MADRID



DIEGO LOPEZ (5): Le gardien madrilène a passé une sale soirée. Sur les quatre buts encaissés, il est difficile de lui reprocher quelque chose. Les penaltys de Messi étaient injouables, le but d'Iniesta aussi. Le Barca a marqué sur chaque frappe cadrée qui pouvait poser problème au portier madrilène. Cruel.


CARVAJAL (3): Le jeune latéral droit a connu une soirée très difficile. Pas encore conditionné pour jouer ce type de matchs, l'ancien joueur du Bayer Leverkusen s'est fait manger tout le match par Iniesta. Le catalan lui a fait vivre un véritable calvaire. Le latéral droit doit apprendre de ce match, où il a été inexistant offensivement. 


SERGIO RAMOS (4): Le capitaine madrilène doit se poser de sérieuses questions sur son mental. Irréprochable en sélection où il paraît injouable, le madrilène n'est pas le même sous le maillot blanc du Real et pète très souvent un boulon. Son expulsion à la 63ème minute a plombé la dernière demi-heure du Real Madrid alors qu'il réalisait un match plutôt correct jusque-là.


PEPE (6): Voir le défenseur portugais à sa place face au Barca, cela faisait longtemps que ce n'était pas arrivé. Sur la lancée de ses prestations récentes, le défenseur madrilène a été solide et très peu pris à défaut. Il n'a pas commis de grosses erreurs et a obligé Messi à décrocher tout le match. Solide.


MARCELO (5): Le latéral Brésilien a été moins tranchant dans ses offensives qu'en temps normal. Défensivement, il s'est plutôt bien débrouillé en bloquant Neymar, même si son oubli a coûté le penalty à son équipe.


XABI ALONSO (5): Le Basque a réalisé une prestation moyenne. Plutôt discret, il n'a pas beaucoup pesé au milieu du terrain, passant la plupart de son temps à défendre. La faute stupide qu'il concède à la fin du match offre la victoire au Barca. Un cadeau dont les Catalans pouvaient se passer.


MODRIC (6): Le Croate a été moins transcendant que d'habitude, mais a quand même réalisé une prestation solide. Défensivement, il a fait son match. Il a offert au Bernabeu quelques gestes de classe dont lui seul à le secret. Un match meilleur que celui de son compère espagnol.


DI MARIA (8): L'Argentin a réalisé un match exceptionnel, probablement son meilleur depuis qu'il est au Real Madrid. Passeur décisif sur les deux buts de Benzema, il a été intenable sur son côté gauche et a fait souffrir le martyre Daniel Alves. Il est au départ de toutes les actions dangereuses du Real Madrid, toujours présent quand il faut mettre le pied. Seule la défaite de siens plombe sa prestation remarquable.


BALE (3): Un match très moyen, pour ne pas dire médiocre du Gallois. Comme face à l'Atletico, il a été bouffé par l'intensité du match. Perdu dans le rythme infernal, il n'a pas du tout pesé sur son aile droite, et n'a pas inquiété Jordi Alba. Malgré une activité incessante, le Gallois est venu au Real pour faire la différence, pas pour courir et sprinter sans finir derrière.


RONALDO (4): Malgré son but, le Portugais a lui aussi réalisé un match très moyen. Le Portugais empile les buts face aux petits clubs espagnols, certes, mais face au Barca, il a paru encore une fois très marqué et complexé par l'insolente réussite de Messi en face. Sa seule action dangereuse du match a été récompensée d'un penalty, suite à une faute en dehors de la surface de Daniel Alves. Ses passes étaient approximatives et il n'a pas du tout combiné avec Benzema. Trop loin du Français ou aigri de sa réussite dans un tel match?


BENZEMA (8): Un match énorme. Alors qu'il avait l'habitude d'être au départ des actions et de laisser ses compagnons terminé le travail dans les autres Clasico, le Français a pris son courage à deux mains et est resté à la pointe de l'attaque madrilène. Deux buts, dont un somptueux. Malgré deux énormes ratés, le Français confirme qu'l est un attaquant de grande classe, toujours présent dans les gros rendez-vous. L'expulsion de Ramos a précipité sa sortie. Un grand match pour Benzema.




FC BARCELONE



VALDES (5): Le portier catalan a eu pas mal de travail. Il n'a pas réalisé un mauvais match, mais est fébrile sur le premier but de Benzema. Sauvant son équipe à deux/trois reprises, il a eu l'occasion de briller contrairement à son vis-à-vis madrilène.


DANIEL ALVES (4): Le latéral droit brésilien a vécu une soirée cauchemardesque face à Di Maria. Il n'a pas vu le jour en première période, et s'attendait peut-être à ce que ce soit Ronaldo qui lui fasse vivre un malheur. L'expulsion de Ramos lui a permis de sortir et de jouer plus sereinement par la suite.


MASCHERANO (5): Une première période compliquée pour l'ancien joueur de Liverpool. Souvent en retard, il est trop court sur les deux buts de Benzema, laissant son gardien tout seul face au Français. Fort heureusement pour lui, le numéro 9 madrilène était le seul joueur offensif adverse remuant et précis.


PIQUE (6): Comme Pepe, un match solide. Si ce n'est pas le grand Piqué de l'époque, c'est un Piqué bien meilleur qu'il y a des semaines. Serein dans ses interventions, il a permis à Mascherano de ne pas sombrer devant Benzema et a passé une seconde période plutôt calme. Un match solide.


JORDI ALBA (6): Le latéral gauche a réalisé un match très discret. Carvajal et Bale y sont pour quelque chose. Pas mis en danger, il est monté quelques fois et a bien couvert Iniesta. Un match tranquille.


BUSQUETS (7): Lui aussi était dans le dur. La "sentinelle" catalane a réalisé un bon match, ne s'affolant pas et restant serein. Pour la première fois depuis longtemps, il n'a pas été un acteur principal de cette rencontre en restant en retrait lors des actions "chaudes". Un match encourageant après une période très difficile pour lui.


XAVI (7): Un match correct du capitaine catalan. Discret offensivement, il a bien tenu son milieu, a paru calme et posé, ne s'affolant pas et imprégnant un rythme que ses coéquipiers ont bien suivi.


FABREGAS (6): Match étrange de l'ancien Gunner. Un peu plus en retrait depuis le retour de Messi, il a été moins en vue que ses coéquipiers. Parfois lent dans ses mouvements, le numéro 4 catalan est tout de même resté solide et n'a pas été décroché lors de la construction des actions.


INIESTA (8.5): L'homme du match. Positionné sur l'aile gauche, le numéro 8 catalan a livré une prestation proche de la perfection. Toujours dans le coup, il s'est régalé avec Carvajal et a été intenable. Son but est somptueux, et il est à l'origine du deuxième penalty accordé au Barca. Une bonne nouvelle pour le Barca et la Roja.


NEYMAR (6): Le Brésilien a livré une prestation moyenne. Il a beaucoup tenté et pas beaucoup réussi. Il a été le seul joueur catalan à sortir du collectif lorsque son équipe était menée, voulant réaliser l'exploit lui seul. Cependant, il est impliqué sur le second but et dans l'expulsion de Ramos. Etre au bon endroit au bon moment, suffisant pour faire plier le Real Madrid.


MESSI (7.5): Messi est de retour. L'Argentin a été d'un calme déconcertant. D'habitude très expressif lorsqu'il marque face au Real Madrid, la "Pulga" a été dans tous les bons coups catalans, nous offrant un sublime but avant la pause, et auteur d'un triplé, qui fait de lui le meilleur buteur de l'histoire des confrontations entre les deux clubs, avec 21 buts. La routine pour Messi.






samedi 22 mars 2014

Chelsea, cadeau ou piège pour le PSG?

Attendu par tous les fans de football, le tirage au sort des quarts de la Champion's League nous a offert quatre affiches de rêves. Le PSG, épouvantail de la compétition, jouera Chelsea, un adversaire à la portée des coéquipiers de Zlatan Ibrahimovic. Le vainqueur de l'édition 2012, moins impressionnant qu'il y a quelques saisons, reste tout de même un client qu'il ne faudra pas sous-estimer. Analyse d'une double confrontation entre deux équipes aux styles opposés.

PSG-Chelsea, près de 10 ans après leurs dernières confrontations dans la compétition

Paris jouera Chelsea. Pour beaucoup de supporteurs parisiens, c'est un bon tirage. Les Parisiens recevront les Blues en premier avant de se déplacer à Stamford Bridge. L'ordre des matchs est important, et, contrairement à ce que l'on peut entendre sur le fait que recevoir au retour est un avantage. Paris peut se satisfaire de ce tirage, il devra tout de même faire face à de nombreux paramètres pas si simples à gérer.

Chelsea, un bon tirage?



Au vu des adversaires potentiels que le PSG pouvait affronter, les Parisiens n'ont pas à se plaindre. Manchester United, dans le creux de la vague et privé de Robin Van Persie pour les quarts de finale, était l'adversaire souhaité par toutes les équipes européennes. Le Borussia Dortmund était aussi le choix préférentiel des supporteurs parisiens, l'équipe allemande n'étant désormais plus une "surprise" et devant se passer des services de bon nombre de titulaires, Gundogan, Bender, Schmelzer, Subotic, et même de Lewandowski pour le match aller, et était à priori une équipe abordable du fait de ces trous dans l'effectif.

Le Bayern Munich, le Real Madrid et le FC Barcelone, dans une moindre mesure, sont les équipes que l'on peut définir comme au-dessus du PSG, de par leur histoire, leur passé récent dans la compétition et leurs équipes compétitives. Prendre une de ces équipes dès les quarts de finale, et pourquoi ne pas "créer la surprise", aurait été une étape importante dans le projet de QSI, de s'imposer comme un très grand d'Europe, mais pour cela, ils devront attendre encore un peu, et pourquoi ne pas retrouver un de ces mastodontes dès le tour prochain, si les événements tournent en leur faveur.

Les deux adversaires qui laissaient quelque peu indifférents les Parisiens, ce sont l'Atletico Madrid et Chelsea. Ces deux équipes réalisent une belle saison, pourtant, contrairement à toutes les autres, elles brillent plus par leur solidité défensive, leur force de caractère que par le jeu déployé. Ces deux équipes sont des inconnues, on se sait pas ce qu'elles valent, mais on peut tout de même penser que du point de vue de l'effectif, ils sont un ton en dessous du PSG, qui a un crack à chaque ligne, chose qui n'est pas forcément vraie à l'Atletico et à Chelsea.

Chelsea apparaît donc comme un adversaire sérieux sans être insurmontable à première vue. Paris évite les grosses écuries du circuit, ne jouera pas les équipes diminuées comme Manchester United et le Borussia Dortmund, mais devra faire face à une équipe solide, qu'il sera difficile de battre. Cependant, Paris semble un ton au-dessus et dispose d'éléments plus "forts" que l'équipe de Mourinho. 


Paris, une équipe plus "clinquante" et complète que Chelsea



La première différence que l'on peut faire entre ces deux équipes, c'est la composition des effectifs. Le PSG dispose d'une équipe compétitive, quasiment complète, avec quelques trous d'air, un arrière droit légèrement en dessous, un troisième attaquant qui semble moins bon que les deux autres, mais rien de bien alarmant. Le club de la capitale peut compter sur une colonne vertébrale dont très peu d'équipes disposent. L'axe Sirigu-Thiago Silva-Thiago Motta-Ibrahimovic est peut-être ce qui se fait de mieux en Europe. De part et d'autre de cet axe redoutable, on trouve des éléments de très bon niveau: Alex réalise une des meilleures saisons de sa carrière et forme avec son compère brésilien, une des meilleures charnières centrales cette saison. Le milieu parisien, articulé autour de la doublette très technique Verratti/Motta et du chien de garde Matuidi, n'a jusque-là pas trouvé meilleur, et a pris le dessus sur tous les milieux rencontrés jusque-là. Le tandem Ibrahimovic/Cavani est lui l'un des plus efficaces du monde, avec plus de 60 buts cette saison alors que l'Uruguayen a manqué beaucoup de matchs. Blanc peut compter sur des ailiers virevoltants capables de transpercer n'importe quelle défense.

Côté Chelsea, l'équipe est belle mais n'a pas la même allure. La défense est très solide, pourtant, elle toujours n'a pas rencontré d'attaquants du niveau d'Ibrahimovic et Cavani dans la compétition jusque-là. Terry se fait vieux et il faudra qu'il soit à 100% pour ne pas prendre l'eau. Le poste d'arrière gauche peut poser problème. Azpilicueta est un bon latéral, mais Mourinho donne l'impression de bricoler en le faisant jouer à une place qui n'est pas la sienne. Comment va-t-il réagir devant les bolides qui joueront sur son côté? Le milieu peut lui aussi être problématique face à celui du PSG. Ramires n'a plus la fougue qu'il avait lors de sa première saison et semble seul dans ce milieu. Mourinho ne peut pas compter sur Van Ginkel, et n'est pas autorisé à aligner la plaque tournante Matic, très bon depuis son retour au club, qui avait déjà joué lors du premier tour avec Benfica. Devant, il manque d'un 9 de très haut niveau. Eto'o n'est plus celui qu'il était à Barcelone ou à l'Inter, Torres est l'ombre de ce qu'il était à Liverpool. Le trio Willian-Oscar-Hazard est le point fort de cette équipe, seulement là aussi, de nombreuses interrogations demeurent.


Quel est le vrai niveau du PSG et de Chelsea?



Les deux équipes disposent de très bons éléments, c'est indéniable. Cependant, quel est le niveau réel de ces deux équipes? Paris n'a jamais déçu en Champion's League depuis son retour dans cette compétition, en revanche, il n'a affronté que le FC Barcelone comme "gros" depuis 18 mois. Quelles sont les références des joueurs du PSG à ce stade de la compétition? Étonnamment, elles sont faibles. Seuls Thiago Motta et Maxwell ont brillé en Champion's League, Alex dans une moindre mesure. Ibrahimovic, même s'il fait partie des meilleurs buteurs de l'histoire de la compétition, semble être en retrait depuis le début de sa carrière à ce niveau d’exigence. Il avait bien démarré avec l'Ajax et s'est enterré avec la Juventus et l'Inter. On note tout de même une amélioration avec le Barca, Milan et Paris désormais. C'est son heure et il se doit de prouver qu'il est l'un des tous meilleurs. Cavani, lui, est un "bleu" dans cette compétition. Il n'a jamais dépassé les huitièmes de finale depuis l'élimination face à Chelsea en 2012 lorsqu'il évoluait à Naples. Thiago Silva, aussi grand soit-il, n'a jamais joué de demi-finale dans cette compétition, chose anormale pour un joueur de son niveau. Malgré un effectif de très haut niveau, beaucoup de joueurs ont un complexe avec la Champion's League, ou n'ont jamais joué ce genre de matchs.

Chelsea, de son côté, a cette expérience et ce vécu de la Ligue des Champions. Comme pour le PSG, beaucoup de joueurs clés n'ont pas une grande expérience dans la compétition. La défense l'a indéniablement, tous à part Azpilicueta ayant gagné la compétition en 2012. Cependant, la défense ne suffira pas pour passer le PSG. Eto'o connaît ce genre de matchs sur le bout des doigts, cependant, il n'est plus au même niveau que lors de ses belles années, et doit déléguer le rôle de patron aux joueurs offensifs qui l'entourent. Oscar, Willian et Hazard sont trois bons joueurs, mais eux aussi vont découvrir le très haut niveau. Willian avait brillé lorsqu'il évoluait au Shakhtar, par contre, il n'a pas le même rôle dans ce Chelsea et doit plus travailler qu'à montrer ses prouesses techniques. Oscar participe à sa deuxième Ligue des Champions, la première s'était arrêtée prématurément la saison passée devant le Shakhtar et la Juventus. Hazard, énorme cette saison, a toujours déçu dans la compétition reine, que ce soit à Lille ou la saison passée, le Belge n'a jamais réussi à élever son niveau en Europe comme il le fait en championnat. Les véritables artisans de la victoire en 2012, Mata et Drogba, ne sont plus là.
Chelsea peut compter sur une base très solide, qui connaît par cœur ce genre de matchs, mais il faudra que le secteur offensif suive et soit plus consistant qu'il ne l'a été auparavant si les Blues veulent passer Paris.


Blanc face au Maître



Cette double confrontation est une véritable opposition de styles. Laurent Blanc a posé sa patte sur l'effectif parisien, et donne à son équipe une belle allure. Le PSG produit du beau jeu, a le ballon, offre de belles combinaisons et domine très souvent ses adversaires. Chelsea, malgré ses joueurs très techniques, n'a pas de mal à laisser le ballon à l'adversaire et à faire le dos rond, pouvant alterner périodes de possession et périodes où les contre-attaques sont privilégiées. Paris n'a pas rencontré d'adversaire qui lui a confisqué le ballon, Chelsea ne devrait pas faire office d'exception et attendra le PSG. Il sera intéressant de voir comment Blanc réagira à cette problématique, car si les équipes de Ligue 1 laissent volontiers le ballon à Paris, elles le font par résignation. Chelsea, lui, le fait et le fera car c'est son style préférentiel, et c'est là le danger pour le PSG.

Lorsqu'il a eu à jouer des équipes dans ce style, Blanc a très souvent manqué son coaching. Saint-Etienne et Lille sont les deux équipes françaises qui ont un style assez proche de celui de Chelsea, toutes proportions gardées: agressivité, solidité défensive, bons joueurs techniques. A chaque fois, Paris a eu du mal et Blanc s'est embrouillé dans ses choix. Plutôt que de chercher à déstabiliser l'adversaire en insufflant quelque chose de nouveau, en changeant sa tactique, en créant un nouveau mouvement, Blanc a réagi en faisant du poste pour poste et n'a pas réussi à résoudre les problèmes posés par les entraîneurs adverses.

Mourinho est un maître en la matière. Pragmatique, le technicien portugais ne se soucie pas du "qu'en-dira-t-on". Là où Chelsea semble avoir une longueur d'avance sur le PSG, c'est que Mourinho sait où il va, sait comment gérer ce genre de matchs, et répond à son vis-à-vis par une multiplication de problèmes en quadrillant parfaitement l'adversaire. Blanc, s'il veut montrer qu'il est à la hauteur du PSG, et qu'il n'est pas un choix par défaut, se doit de relever son niveau sur ces points précis et être plus imprévisible qu'il ne l'a été jusque-là.


Les clés de cette double confrontation



Si Paris joue au niveau qui doit être le sien, avec des joueurs au top, Chelsea aura beaucoup de mal à passer. Les Parisiens vont tranquillement gagner un second titre de champion de France. Les joueurs semblent être obnubilés par l'Europe. C'est cette année pour Ibrahimovic, lui qui coure derrière la coupe aux "grandes oreilles". Tous les joueurs sont conditionnés pour battre n'importe quel adversaire. Ils peuvent aborder sereinement les matchs qui se profilent face au club londonien. Sirigu est en forme, la charnière centrale est plus solide que jamais, les latéraux sont en forme, le milieu aussi. La seule interrogation est le niveau de Cavani, qui donne l'impression de ne pas être remis de ses problèmes personnels et qui n'a pas encore démarré son année 2014. Lui qui était annoncé à Chelsea avant de signer à Paris, c'est le moment idéal pour montrer à l'Europe et à ses supporteurs, qu'il se sent bien dans la capitale française.

Pour Chelsea, la course au titre en Premier League peut poser problème. La défaite à Aston Villa n'arrange rien à leurs affaires et doit jongler entre ces deux compétitions, devant faire face à chaque fois à des équipes qui ont des effectifs légèrement meilleurs, et qui passent par le jeu plutôt que l'attente. La technique de l'attente a payé jusque-là face aux gros, mais Paris a des arguments que les équipes anglaises n'ont pas. Mourinho est un artiste à l'approche de ce genre de matchs, mais on se rappelle que la saison passée, Lewandowski lui avait fait vivre un calvaire au Signal Iduna Park, lorsque le Real Madrid s'était incliné 4-1, face au Borussia Dortmund. Ibrahimovic sera l'homme qu'il faudra surveillé, mais comme on le voit depuis le début de la saison, le Suédois décroche beaucoup et est encore plus dangereux en partant de loin car il déclenche les courses de ses deux compères en attaque. Mourinho devra faire avec cette spécificité, un attaquant de pointe plus dangereux en partant de derrière, un attaquant de classe mondiale qui peut finir à droite, pas sûr que l'entraîneur portugais a beaucoup vu cette configuration depuis qu'il exerce...

Recevoir à l'aller n'est pas forcément une mauvaise affaire pour le PSG. S'ils font le travail au Parc, les Parisiens obligeront Chelsea à sortir à domicile et jetteraient un trouble dans la tête de Mourinho. Lorsque Chelsea s'est débarrassé de Barcelone en 2012, ou lorsque Mourinho avait éliminé les Catalans avec l'Inter en 2010, le match retour avait eu lieu au Camp Nou, et les Catalans avaient eu un mal fou à faire sauter le verrou de Chelsea ou de l'Inter de Mourinho. Paris a toutes les cartes en main pour se faciliter le travail dès l'aller. Si c'est le cas, Chelsea jouera contre nature et Paris pourra en profiter. C'est dans cette configuration que Paris allait sortir le Barca la saison passée, alors que lors des matchs face à Valence et le Bayer Leverkusen, le PSG a eu un peu plus de mal à gérer. Paris a tout pour intégrer le carré VIP.



Paris et Chelsea s'étaient affronté lors de l'été 2012.