jeudi 6 mars 2014

Les Fennecs effacent l'ardoise

Victorieuse d'une pâle équipe de Slovénie à Blida (2-0), les Verts poursuivent leur progression et préparent au mieux le Mondial au Brésil. Soudani et Taïder ont été les buteurs lors de cette rencontre.

Le XI titulaire côté algérien, hier à Blida.

L'Algérie ne devait pas se rater face à la Slovénie pour plusieurs raisons. Mission accomplie. L'équipe dirigée par Vahid Halilhodzic a aisément remporté son match amical face à des Slovènes moribonds à bien des égards.
La première des raisons est bien évidemment celle de la revanche. Tous les Algériens ont encore le goût amer de la défaite subie lors du premier match du Mondial sud-africain face à l'équipe du capitaine et ex-Marseillais, Bostjan Cesar. Ce match d'ouverture en 2010 avait plombé la suite de la compétition pour les Fennecs, à cause de bourdes successives de Chaouchi et de Ghezzal. Des joueurs d'une autre époque. L'autre raison qui obligeait les Verts à faire un bon résultat, c'est la présence du Roi Pelé dans les tribunes du Stade Mustapha Tchaker. L'icône brésilienne, de retour en Algérie près de 50 ans après sa dernière visite, était l'attraction de l'avant match, succédant à Diego Maradona, qui avait rendu visite aux dirigeants algériens quelques mois auparavant.
Du côté du sportif, c'était l'occasion pour Vahid Halilhodzic d'aligner des joueurs fraîchement sélectionnés, comme Nabil Bentaleb ou encore Aïssa Mandi, et de voir si les cadres de l'équipe sont toujours au niveau. Zemmamouche est reconduit dans les cages algériennes après son match tranquille face au Burkina Faso lors du barrage retour en novembre dernier. Cadamuro, le joueur de Majorque, est associé au capitaine Bougherra en défense centrale. Ghoulam semble avoir convaincu le sélectionneur bosnien et est une nouvelle fois aligné à gauche de la défense. Le milieu de terrain à trois est composé de Mostefa-Bentaleb-Taider, la ligne d'attaque elle est occupée par la paire incontournable Soudani-Slimani, et de Djabou, remplaçant Feghouli, forfait pour ce match.

Les Algériens mettent d'entrée de match le pied sur le ballon, et se créent quelques situations qui n'inquiètent pas le gardien de l'Inter. Le match est équilibré, les Algériens ayant la possession du ballon et les Slovènes restant bien barricadé derrière, ne laissant que très peu d'espace. C'est sur une attaque slovène que la première grosse occasion du match survient: après un corner mal tiré par Josip Ilicic, les Verts se ruent vers l'attaque avec Soudani qui lance parfaitement son compère Slimani, qui d'une frappe du plat du pied à l'entrée de la surface, trouve le bout du pied de Samir Handanovic, qui sauve son équipe in extremis (16').
Cette première alerte sur le but slovène refroidit les joueurs en bleu, qui restent à partir de là bien en place derrière, ne laissant que très rarement l'occasion aux Fennecs de pouvoir faire la différence. Djabou, remuant sur le front de l'attaque, pose quelques problèmes à l'arrière-garde slovène, et a failli être décisif si son centre vicieux dans le dos des défenseurs, avait été bien redressé par Soudani qui envoie le ballon largement au-dessus de la barre transversale (34').


Taïder dans tous les bons coups


 Les Slovènes jouent hachés et multiplient les fautes. C'est dans le temps additionnel de la première période que les Algériens débloquent le match. Sur un coup franc parfaitement tiré de la gauche par Taïder, le joueur du Dinamo Zagreb, El Arbi Hillel Soudani, place une tête imparable dans le petit filet gauche d'Handanovic (45+1'). C'est le 10ème but en 20 sélections pour le natif de Chlef, qui prouve une nouvelle fois qu'il est le facteur X de la sélection algérienne, débloquant très souvent les situations compliquées.
Au retour des vestiaires, les Algériens se font de plus en plus précis dans leurs attaques et manquent de doubler la mise sur une action collective bien menée par Taïder et Slimani, conclue par une frappe de Bentaleb à l'entrée de la surface qui manque de peu le cadre (48'). Ce n'est que partie remise. Les Algériens, toujours dominateurs, doublent la mise sur une nouvelle action collective bien construite, enclenchée par une belle relance de Cadamuro pour Taïder, qui remet en une touche de balle pour Djabou, qui se débarrasse facilement de son vis-à-vis avant de remettre à Taïder, qui du bout du pied, place le ballon dans la lucarne droite, avec l'aide du poteau, de son coéquipier en club (56'). La sortie de Djabou à l'heure de jeu, offre du répit aux Slovènes, qui ont souffert face au virevoltant ailier du Club Africain, et se décident à sortir de leur tanière. Ghoulam, sur coup franc (71'), Yebda sur une lourde frappe des 25 mètres (78') et Ferhat (81'), obligent Handanovic à s'employer pour ne pas repartir avec une valise de Blida. Les entrées du Milanais Birsa et du joueur du PSV, Tim Matavz, font du bien aux Slovènes qui se créent quelques opportunités, la plus dangereuse étant une tête bien repoussée par le portier de l'USMA (66').
Les Fennecs finissent le match tranquillement, alternant entre les séquences de possession de balle et les contre-attaques dans le dos des défenseurs slovènes qui jouent plus haut.
L'Algérie, grâce à ce score, efface la défaite subie il y a quatre ans et peut s'estimer heureuse d'avoir une équipe cohérente. Pour son 21ème match à Blida, elle remporte une 19ème victoire pour deux nuls. Impressionnant.
Les joueurs algériens, qui fêtent le premier but, signé Soudani.


Quelles sont les leçons à tirer de ce match?


L'enflammade n'a rien de productif et mène droit dans le mur. On peut cependant être satisfaits du rendement de l'équipe algérienne, qui a su gérer du début à la fin, une équipe gênante à jouer, mais une équipe européenne surtout, un type d'adversaire que les Algériens n'ont pas l'habitude de croiser souvent. A l'inverse de Saâdane, qui était plus un gourou qu'un tacticien, prônant l'unité et le cœur plutôt que le ballon, Halilhodzic sait où il va. Il tient son groupe, sait gérer les egos des uns et des autres, et n'hésite pas à mettre les points sur les "i" quand il faut le faire. Le social n'est pas vraiment une activité qui l'enchante, il sélectionne ceux qu'il juge les plus performants et tient à garder un groupe soudé, un noyau dur de 18-20 joueurs qui formera à coup sûr le gros du 23 partants au Brésil.
Ce match est un bon test pour les Verts, mais il ne faut pas tirer de conclusions hâtives. L'Algérie a dominé, a eu le ballon, s'est procurée les meilleures occasions, mais elle est aussi tombée sur une équipe slovène bien pâle qui n'avait pas vraiment envie de gagner, passant son temps à défendre et à attendre que le temps passe. Malgré la faiblesse de l'équipe slovène, les Algériens ont tenu leur rang, et on peut voir que certains joueurs ont marqué des points.
Le poste du gardien reste une inconnue. Pour son deuxième match consécutif dans les cages, on ne sait toujours pas ce que vaut Zemmamouche dans ce contexte particulier de la sélection. Il n'a rien eu à faire pendant ces deux matchs, et il sera utile de voir ce qu'il donnera face à des adversaires qui poseront plus de difficultés aux Algériens.
La défense centrale a été solide, Cadamuro montrant de belles choses que l'on n'a pas eu l'habitude de voir. Il a paru très en forme, affûté et très bon dans la relance, bien meilleur dans l'axe que sur le côté où il avait toujours joué jusque-là. Les latéraux ont été remuants, Ghoulam confirmant qu'il est un titulaire en force à gauche, et Mandi, montrant à Halilhodzic qu'il est préférable de mettre un latéral droit de métier à ce poste plutôt qu'un milieu défensif comme Mostefa.
Le milieu de terrain a été solide, Bentaleb étant à la hauteur de ce que le public algérien attend de lui, jouant toujours dans le bon sens et en une touche de balle. Taïder, malgré son rôle sur les deux buts algériens, a fait un match moyen, perdant de nombreux ballons au milieu et portant beaucoup trop le ballon. L'Intériste traverse une période difficile avec son club et est sauvé en sélection par ses passes décisives sur coups de pied arrêtés, car ses pertes de balle successives peuvent s'avérer dangereuses face à des adversaires plus coriaces, et ont déjà coûté deux buts lors du match aller face au Bukina Faso.
En attaque, Djabou a marqué des points grâce à son activité incessante sur les ailes, montrant qu'il peut être un vrai atout pour Halilhodzic. Soudani, comme à son habitude, a été bon et très disponible, sentant bien les coups et ne ratant que très rarement les occasions qu'il se procure. Slimani, lui, confirme qu'il a du mal à se mettre en valeur lorsque les adversaires sont d'un niveau plus relevé que le Rwanda ou le Bénin, et doit sérieusement se remettre en question s'il ne veut pas perdre sa place de titulaire.

Beaucoup regrettent la non-convocation de certains joueurs comme Ryad Boudebouz, mais Vahid Halilhodzic connaît parfaitement ses joueurs et sait comment gérer son groupe. Il préfère avoir un groupe soudé, où tous vont dans le même sens, plutôt qu'un groupe avec deux ou trois joueurs talentueux, qui ne veulent pas se soumettre aux règles qu'il met en place pour le bien du groupe dans son ensemble. Si Djebbour, malgré son ratio buts/matchs famélique, est toujours dans le groupe, c'est qu'il y a une raison, Halilhodzic ne voulant pas créer de tensions entre les nouveaux arrivants, ceux qui ne devraient pas être là selon les uns et les autres, respectant le rôle de chacun et l'impact que chaque joueur peut avoir dans le groupe. Les cadres de cette équipe que sont Bougherra, Djebbour, Lacen, Medjani ou encore Guedioura, sont présents pour faciliter la formation d'une équipe compétitive qui pourra tenter de faire quelque chose au Mondial.

Il y a quatre ans, les Verts avaient subi une lourde défaite face à la Serbie à Alger, montrant qu'ils n'étaient pas au point. Quatre ans plus tard, Halilhodzic a créé une équipe avec des certitudes, un fond de jeu et une direction à suivre. L'échec relatif durant la CAN 2013 où les Algériens avaient dominé tout leur match mais s'étaient fait éliminer au premier tour, est une expérience qui permettra aux joueurs qui composent la sélection, de ne pas répéter les erreurs passées et de rester humbles en toutes circonstances. Il reste désormais deux matchs à jouer avant le Mondial, face à la surprenante Arménie le 31 mai 2014, et à son trio d'attaquants Mkhitaryan-Movsisyan-Ozbiliz. Un bon test pour les Verts qui seront confrontés à une nation montante du football "eurasiatique". La Roumanie, qui a tenu en échec l'Argentine (0-0), est un autre bon test pour les coéquipiers de Bougherra, qui verront après ces matchs si oui ou non, ils auront leur mot à dire au Brésil.


Vahid Halilhodzic, le sélectionneur qui manquait à l'Algérie?



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