samedi 22 mars 2014

Chelsea, cadeau ou piège pour le PSG?

Attendu par tous les fans de football, le tirage au sort des quarts de la Champion's League nous a offert quatre affiches de rêves. Le PSG, épouvantail de la compétition, jouera Chelsea, un adversaire à la portée des coéquipiers de Zlatan Ibrahimovic. Le vainqueur de l'édition 2012, moins impressionnant qu'il y a quelques saisons, reste tout de même un client qu'il ne faudra pas sous-estimer. Analyse d'une double confrontation entre deux équipes aux styles opposés.

PSG-Chelsea, près de 10 ans après leurs dernières confrontations dans la compétition

Paris jouera Chelsea. Pour beaucoup de supporteurs parisiens, c'est un bon tirage. Les Parisiens recevront les Blues en premier avant de se déplacer à Stamford Bridge. L'ordre des matchs est important, et, contrairement à ce que l'on peut entendre sur le fait que recevoir au retour est un avantage. Paris peut se satisfaire de ce tirage, il devra tout de même faire face à de nombreux paramètres pas si simples à gérer.

Chelsea, un bon tirage?



Au vu des adversaires potentiels que le PSG pouvait affronter, les Parisiens n'ont pas à se plaindre. Manchester United, dans le creux de la vague et privé de Robin Van Persie pour les quarts de finale, était l'adversaire souhaité par toutes les équipes européennes. Le Borussia Dortmund était aussi le choix préférentiel des supporteurs parisiens, l'équipe allemande n'étant désormais plus une "surprise" et devant se passer des services de bon nombre de titulaires, Gundogan, Bender, Schmelzer, Subotic, et même de Lewandowski pour le match aller, et était à priori une équipe abordable du fait de ces trous dans l'effectif.

Le Bayern Munich, le Real Madrid et le FC Barcelone, dans une moindre mesure, sont les équipes que l'on peut définir comme au-dessus du PSG, de par leur histoire, leur passé récent dans la compétition et leurs équipes compétitives. Prendre une de ces équipes dès les quarts de finale, et pourquoi ne pas "créer la surprise", aurait été une étape importante dans le projet de QSI, de s'imposer comme un très grand d'Europe, mais pour cela, ils devront attendre encore un peu, et pourquoi ne pas retrouver un de ces mastodontes dès le tour prochain, si les événements tournent en leur faveur.

Les deux adversaires qui laissaient quelque peu indifférents les Parisiens, ce sont l'Atletico Madrid et Chelsea. Ces deux équipes réalisent une belle saison, pourtant, contrairement à toutes les autres, elles brillent plus par leur solidité défensive, leur force de caractère que par le jeu déployé. Ces deux équipes sont des inconnues, on se sait pas ce qu'elles valent, mais on peut tout de même penser que du point de vue de l'effectif, ils sont un ton en dessous du PSG, qui a un crack à chaque ligne, chose qui n'est pas forcément vraie à l'Atletico et à Chelsea.

Chelsea apparaît donc comme un adversaire sérieux sans être insurmontable à première vue. Paris évite les grosses écuries du circuit, ne jouera pas les équipes diminuées comme Manchester United et le Borussia Dortmund, mais devra faire face à une équipe solide, qu'il sera difficile de battre. Cependant, Paris semble un ton au-dessus et dispose d'éléments plus "forts" que l'équipe de Mourinho. 


Paris, une équipe plus "clinquante" et complète que Chelsea



La première différence que l'on peut faire entre ces deux équipes, c'est la composition des effectifs. Le PSG dispose d'une équipe compétitive, quasiment complète, avec quelques trous d'air, un arrière droit légèrement en dessous, un troisième attaquant qui semble moins bon que les deux autres, mais rien de bien alarmant. Le club de la capitale peut compter sur une colonne vertébrale dont très peu d'équipes disposent. L'axe Sirigu-Thiago Silva-Thiago Motta-Ibrahimovic est peut-être ce qui se fait de mieux en Europe. De part et d'autre de cet axe redoutable, on trouve des éléments de très bon niveau: Alex réalise une des meilleures saisons de sa carrière et forme avec son compère brésilien, une des meilleures charnières centrales cette saison. Le milieu parisien, articulé autour de la doublette très technique Verratti/Motta et du chien de garde Matuidi, n'a jusque-là pas trouvé meilleur, et a pris le dessus sur tous les milieux rencontrés jusque-là. Le tandem Ibrahimovic/Cavani est lui l'un des plus efficaces du monde, avec plus de 60 buts cette saison alors que l'Uruguayen a manqué beaucoup de matchs. Blanc peut compter sur des ailiers virevoltants capables de transpercer n'importe quelle défense.

Côté Chelsea, l'équipe est belle mais n'a pas la même allure. La défense est très solide, pourtant, elle toujours n'a pas rencontré d'attaquants du niveau d'Ibrahimovic et Cavani dans la compétition jusque-là. Terry se fait vieux et il faudra qu'il soit à 100% pour ne pas prendre l'eau. Le poste d'arrière gauche peut poser problème. Azpilicueta est un bon latéral, mais Mourinho donne l'impression de bricoler en le faisant jouer à une place qui n'est pas la sienne. Comment va-t-il réagir devant les bolides qui joueront sur son côté? Le milieu peut lui aussi être problématique face à celui du PSG. Ramires n'a plus la fougue qu'il avait lors de sa première saison et semble seul dans ce milieu. Mourinho ne peut pas compter sur Van Ginkel, et n'est pas autorisé à aligner la plaque tournante Matic, très bon depuis son retour au club, qui avait déjà joué lors du premier tour avec Benfica. Devant, il manque d'un 9 de très haut niveau. Eto'o n'est plus celui qu'il était à Barcelone ou à l'Inter, Torres est l'ombre de ce qu'il était à Liverpool. Le trio Willian-Oscar-Hazard est le point fort de cette équipe, seulement là aussi, de nombreuses interrogations demeurent.


Quel est le vrai niveau du PSG et de Chelsea?



Les deux équipes disposent de très bons éléments, c'est indéniable. Cependant, quel est le niveau réel de ces deux équipes? Paris n'a jamais déçu en Champion's League depuis son retour dans cette compétition, en revanche, il n'a affronté que le FC Barcelone comme "gros" depuis 18 mois. Quelles sont les références des joueurs du PSG à ce stade de la compétition? Étonnamment, elles sont faibles. Seuls Thiago Motta et Maxwell ont brillé en Champion's League, Alex dans une moindre mesure. Ibrahimovic, même s'il fait partie des meilleurs buteurs de l'histoire de la compétition, semble être en retrait depuis le début de sa carrière à ce niveau d’exigence. Il avait bien démarré avec l'Ajax et s'est enterré avec la Juventus et l'Inter. On note tout de même une amélioration avec le Barca, Milan et Paris désormais. C'est son heure et il se doit de prouver qu'il est l'un des tous meilleurs. Cavani, lui, est un "bleu" dans cette compétition. Il n'a jamais dépassé les huitièmes de finale depuis l'élimination face à Chelsea en 2012 lorsqu'il évoluait à Naples. Thiago Silva, aussi grand soit-il, n'a jamais joué de demi-finale dans cette compétition, chose anormale pour un joueur de son niveau. Malgré un effectif de très haut niveau, beaucoup de joueurs ont un complexe avec la Champion's League, ou n'ont jamais joué ce genre de matchs.

Chelsea, de son côté, a cette expérience et ce vécu de la Ligue des Champions. Comme pour le PSG, beaucoup de joueurs clés n'ont pas une grande expérience dans la compétition. La défense l'a indéniablement, tous à part Azpilicueta ayant gagné la compétition en 2012. Cependant, la défense ne suffira pas pour passer le PSG. Eto'o connaît ce genre de matchs sur le bout des doigts, cependant, il n'est plus au même niveau que lors de ses belles années, et doit déléguer le rôle de patron aux joueurs offensifs qui l'entourent. Oscar, Willian et Hazard sont trois bons joueurs, mais eux aussi vont découvrir le très haut niveau. Willian avait brillé lorsqu'il évoluait au Shakhtar, par contre, il n'a pas le même rôle dans ce Chelsea et doit plus travailler qu'à montrer ses prouesses techniques. Oscar participe à sa deuxième Ligue des Champions, la première s'était arrêtée prématurément la saison passée devant le Shakhtar et la Juventus. Hazard, énorme cette saison, a toujours déçu dans la compétition reine, que ce soit à Lille ou la saison passée, le Belge n'a jamais réussi à élever son niveau en Europe comme il le fait en championnat. Les véritables artisans de la victoire en 2012, Mata et Drogba, ne sont plus là.
Chelsea peut compter sur une base très solide, qui connaît par cœur ce genre de matchs, mais il faudra que le secteur offensif suive et soit plus consistant qu'il ne l'a été auparavant si les Blues veulent passer Paris.


Blanc face au Maître



Cette double confrontation est une véritable opposition de styles. Laurent Blanc a posé sa patte sur l'effectif parisien, et donne à son équipe une belle allure. Le PSG produit du beau jeu, a le ballon, offre de belles combinaisons et domine très souvent ses adversaires. Chelsea, malgré ses joueurs très techniques, n'a pas de mal à laisser le ballon à l'adversaire et à faire le dos rond, pouvant alterner périodes de possession et périodes où les contre-attaques sont privilégiées. Paris n'a pas rencontré d'adversaire qui lui a confisqué le ballon, Chelsea ne devrait pas faire office d'exception et attendra le PSG. Il sera intéressant de voir comment Blanc réagira à cette problématique, car si les équipes de Ligue 1 laissent volontiers le ballon à Paris, elles le font par résignation. Chelsea, lui, le fait et le fera car c'est son style préférentiel, et c'est là le danger pour le PSG.

Lorsqu'il a eu à jouer des équipes dans ce style, Blanc a très souvent manqué son coaching. Saint-Etienne et Lille sont les deux équipes françaises qui ont un style assez proche de celui de Chelsea, toutes proportions gardées: agressivité, solidité défensive, bons joueurs techniques. A chaque fois, Paris a eu du mal et Blanc s'est embrouillé dans ses choix. Plutôt que de chercher à déstabiliser l'adversaire en insufflant quelque chose de nouveau, en changeant sa tactique, en créant un nouveau mouvement, Blanc a réagi en faisant du poste pour poste et n'a pas réussi à résoudre les problèmes posés par les entraîneurs adverses.

Mourinho est un maître en la matière. Pragmatique, le technicien portugais ne se soucie pas du "qu'en-dira-t-on". Là où Chelsea semble avoir une longueur d'avance sur le PSG, c'est que Mourinho sait où il va, sait comment gérer ce genre de matchs, et répond à son vis-à-vis par une multiplication de problèmes en quadrillant parfaitement l'adversaire. Blanc, s'il veut montrer qu'il est à la hauteur du PSG, et qu'il n'est pas un choix par défaut, se doit de relever son niveau sur ces points précis et être plus imprévisible qu'il ne l'a été jusque-là.


Les clés de cette double confrontation



Si Paris joue au niveau qui doit être le sien, avec des joueurs au top, Chelsea aura beaucoup de mal à passer. Les Parisiens vont tranquillement gagner un second titre de champion de France. Les joueurs semblent être obnubilés par l'Europe. C'est cette année pour Ibrahimovic, lui qui coure derrière la coupe aux "grandes oreilles". Tous les joueurs sont conditionnés pour battre n'importe quel adversaire. Ils peuvent aborder sereinement les matchs qui se profilent face au club londonien. Sirigu est en forme, la charnière centrale est plus solide que jamais, les latéraux sont en forme, le milieu aussi. La seule interrogation est le niveau de Cavani, qui donne l'impression de ne pas être remis de ses problèmes personnels et qui n'a pas encore démarré son année 2014. Lui qui était annoncé à Chelsea avant de signer à Paris, c'est le moment idéal pour montrer à l'Europe et à ses supporteurs, qu'il se sent bien dans la capitale française.

Pour Chelsea, la course au titre en Premier League peut poser problème. La défaite à Aston Villa n'arrange rien à leurs affaires et doit jongler entre ces deux compétitions, devant faire face à chaque fois à des équipes qui ont des effectifs légèrement meilleurs, et qui passent par le jeu plutôt que l'attente. La technique de l'attente a payé jusque-là face aux gros, mais Paris a des arguments que les équipes anglaises n'ont pas. Mourinho est un artiste à l'approche de ce genre de matchs, mais on se rappelle que la saison passée, Lewandowski lui avait fait vivre un calvaire au Signal Iduna Park, lorsque le Real Madrid s'était incliné 4-1, face au Borussia Dortmund. Ibrahimovic sera l'homme qu'il faudra surveillé, mais comme on le voit depuis le début de la saison, le Suédois décroche beaucoup et est encore plus dangereux en partant de loin car il déclenche les courses de ses deux compères en attaque. Mourinho devra faire avec cette spécificité, un attaquant de pointe plus dangereux en partant de derrière, un attaquant de classe mondiale qui peut finir à droite, pas sûr que l'entraîneur portugais a beaucoup vu cette configuration depuis qu'il exerce...

Recevoir à l'aller n'est pas forcément une mauvaise affaire pour le PSG. S'ils font le travail au Parc, les Parisiens obligeront Chelsea à sortir à domicile et jetteraient un trouble dans la tête de Mourinho. Lorsque Chelsea s'est débarrassé de Barcelone en 2012, ou lorsque Mourinho avait éliminé les Catalans avec l'Inter en 2010, le match retour avait eu lieu au Camp Nou, et les Catalans avaient eu un mal fou à faire sauter le verrou de Chelsea ou de l'Inter de Mourinho. Paris a toutes les cartes en main pour se faciliter le travail dès l'aller. Si c'est le cas, Chelsea jouera contre nature et Paris pourra en profiter. C'est dans cette configuration que Paris allait sortir le Barca la saison passée, alors que lors des matchs face à Valence et le Bayer Leverkusen, le PSG a eu un peu plus de mal à gérer. Paris a tout pour intégrer le carré VIP.



Paris et Chelsea s'étaient affronté lors de l'été 2012.


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