jeudi 6 mars 2014

Les Bleus coulent les Oranje

Au terme d'un match maîtrisé, avec notamment un excellent Karim Benzema, les Bleus ont battu la Hollande (2-0), et confirment après leur victoire face à l'Ukraine en novembre dernier. Les Néerlandais, eux, peuvent se poser des questions... ou pas.

Les Bleus qui fêtent le but de Benzema, tous ensemble.

Décidément, tout réussi à Didier Deschamps. Après avoir brillamment rectifié le tir lors du match retour face à l'Ukraine, l'ancien capitaine des Bleus semble avoir pris la mesure de son rôle de sélectionneur et peut désormais composer avec un groupe quasiment bouclé.
C'était le premier grand test pour l'équipe de France, le seul avant le Mondial qui débute dans un peu moins de cent jours. La sélection néerlandaise, qui s'est baladé dans son groupe de qualification, est l'adversaire idéal pour jauger le niveau de l'équipe de France. Avec son désormais habituel 4-3-3, les Bleus semblent pour la première fois depuis 2006, avoir une composition claire avec à chaque ligne un leader digne de ce nom. Une nouvelle charnière centrale était alignée, composée par Varane et Mangala. Le milieu est le même que celui qui a joué le match retour face à l'Ukraine (Cabaye-Pogba-Matuidi), et en attaque, Benzema, en très grande forme, retrouve son immunité à la pointe, entouré par Valbuena et le nouveau sélectionné, Antoine Griezmann.
Les premières minutes de la rencontre sont difficiles pour les Bleus, qui laissent la possession du ballon aux Hollandais. Plutôt habiles avec le cuir, les hommes de Louis Van Gaal n'arrivent pas à conclure leurs attaques successives sur les ailes, avec le joueur du Feyenoord, Jean-Paul Boëtius, très en jambes dans le couloir de Debuchy. Les minutes passent et les Bleus prennent peu à peu le contrôle du ballon, profitant de la fragilité des arrières hollandais pour jouer un peu plus haut. C'est alors que débute le show Karim Benzema. Sur un débordement de Valbuena, Griezmann remet intelligemment dans l'axe à l'attaquant du Real qui place une tête à bout portant, miraculeusement sauvée par Ron Vlaar de l'épaule (19'). Cette première grosse alerte tétanise les Néerlandais qui n'arrivent plus à mettre le pied sur le ballon. Dans la foulée, l'attaquant français réalise un enchaînement contrôle de la poitrine/reprise de volée du gauche parfait, qui finit entre les jambes de Jasper Cillessen, mais est justement signalé hors-jeu (20').


Benzema régale, Matuidi aussi


En face, Van Persie, le capitaine néerlandais depuis le retour de Van Gaal à la tête de la sélection, se créer la seule et unique occasion pour les Bataves, avec une frappe lourde du gauche à la suite d'un corner botté par Wesley Sneijder, mais bien repoussé par Hugo Lloris (30'). C'était la dernière occasion du match pour la Hollande. Dans la minute qui suit, Griezmann combine avec Matuidi, qui lance de manière peu académique Benzema, qui d'une merveille de frappe à l'entrée de la surface, perfore un Cillessen surpris par la puissance de la frappe de l'attaquant du Real (1-0, 32'). Les Hollandais reculent, subissent et doivent faire sans leur meilleur joueur depuis le début de la rencontre, le Romain Kévin Strootman, qui se blesse et qui contraint de laisser sa place à Schaars. Comme si ça n'était pas assez, les coéquipiers d'Arjen Robben, forfait pour cette rencontre, encaissent un second but de toute beauté dans la foulée: Benzema joue un une/deux avec Matuidi et lance Valbuena sur le côté droit, le Marseillais lève la tête et centre légèrement en retrait pour Matuidi, qui d'un geste acrobatique insensé du droit, inscrit son premier but en sélection. Magnifique (41').
Les hommes de Deschamps ont livré une copie parfaite et peuvent être satisfaits de cette première période.
La deuxième période, à l'image de toutes celles disputées lors des matchs amicaux, est un laboratoire où d'innombrables changements se succèdent. A noter la première sélection de Lucas Digne, qui a paru très en jambes et très offensif sur son côté gauche. Ces 45 minutes ne sont pas du même niveau que les 45 premières, les Français gérant parfaitement leur avance, frôlant parfois le troisième but comme sur la tête de Varane après un corner bien tiré par Valbuena (59'). Les Néerlandais, eux, paraissent complètement apathiques, très loin du niveau qu'ils avaient durant la phase de qualification pour le Mondial.
Les Bleus, victorieux, peuvent être satisfaits de leur prestation. Deschamps semble avoir trouvé la bonne recette et peut désormais se concentrer sur le Mondial à venir qui promet d'être palpitant pour un pays qui n'a pas souri depuis près de huit ans sur la scène internationale.

Blaise Matuidi, se prenant pour Zlatan Ibrahimovic, son coéquipier à Paris.

Quelles sont les leçons à tirer de ce match?


Les Bleus ont réalisé une très belle performance face à un adversaire coriace et difficile à jouer. Les Français ont été bons à tous les niveaux. Lloris a passé une soirée tranquille. L'axe Mangala-Varane a été solide et mérite d'être revu. Le milieu, même s'il n'a pas été aussi bon que face à l'Ukraine, semble être celui que Deschamps va aligner au Mondial, sous réserve que Cabaye aligne avec Paris de nombreux matchs pour rester en condition. L'attaque, elle, semble être claire, avec un Benzema qui est au top de sa forme, Ribéry qui retrouvera son côté gauche une fois qu'il sera à 100%, et Valbuena, qui part avec une avance certaine pour prendre la troisième place. Depuis longtemps les Bleus n'avaient pas montré un visage aussi serein, avec une solidité qui caractérise toutes les équipes que Didier Deschamps a eu à entraîner.
Si le résultat est bon, la dynamique est bonne, il ne faut pas oublier que l'équipe de France avec Laurent Blanc avait elle aussi réalisé d'aussi bonnes performances, en battant successivement l'Angleterre, l'Italie, le Brésil et l'Allemagne. On sait ce qui s'est passé par la suite. C'est là que l'expérience d'un homme comme Didier Deschamps est capitale. Lui a le coffre pour réussir à gérer tout ces paramètres, et peut compter sur un groupe qui a vécu une bataille importante lors du match de barrage retour. C'est ce vécu qui a peut être manqué à Blanc, qui s'est fait trahir par certains joueurs qu'il pensait enfin matures. Deschamps sait très bien où il va et n'apportera que très peu de changements à ce groupe. Si la France n'est pas favorite pour le Mondial, elle sera une équipe difficile à manier, avec un sélectionneur protégé par une bonne étoile.

Les Bataves, eux, ont paru très timorés lors de cette rencontre. Beaucoup pensent que cette équipe n'est plus ce qu'elle était. Croire ceci est une erreur. Les Oranje ont connu un jour sans et restaient une série de 17 matchs sans défaite. Il est vrai que les Van Nistelrooy, Kluivert, Bergkamp, Overmars, Cocu, Davids, Van Bommel et autres Seedorf ou Van der Sar, ne sont plus là, mais ce pays a le don d'avoir des générations dorées qui se succèdent plus vite qu'ailleurs. L'équipe hollandaise, qui a joué hier soir, n'a rien d'impressionnant, mais jouera un rôle majeur d'ici quelques années, avec comme horizon l'Euro 2016. Les Robben, Van Persie, Sneijder, Van der Vaart, Huntelaar et De Jong sont toujours là, accompagnés de talents comme Clasie, Maher, Janmaat, Martins, Fer, De Vrij ou Blind. Cette génération de jeunes joueurs progressent petit à petit et il ne serait pas étonnant de les voir dans des clubs plus huppés d'ici peu. Le retour du Feyenoord sur le devant de la scène en Eredivisie n'est pas étranger à la présence de nombreux joueurs de ce club en sélection. La plaque tournante qu'est Strootman, qui est parti se renforcer le cuir en Italie, est destiné à être un des tous meilleurs milieux en Europe. L'échec de Van Gaal en 2002 n'a pas empêché la Hollande d'avoir des équipes compétitives dans les années qui ont suivi, avec une demi-finale à l'Euro 2004 au Portugal, un beau parcours en 2008 et une finale lors du dernier Mondial. C'est ce même Van Gaal qui a été à l'origine du Bayern que l'on connaît aujourd'hui, en modelant un effectif bien huilé et bien repris par Heynckes et Guardiola. La suite logique voudrait qu'il crée une équipe compétitive sur le long terme, et qui pourrait avoir des résultats en 2016 en France, ou en 2018 en Russie, avec Hiddink et peut-être De Boer par la suite, adepte du beau jeu, qui reprendra le flambeau. Attention aux Oranje.


La Hollande, des têtes connues, d'autres moins... mais une équipe toujours redoutable.

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